Nativité du Seigneur (nuit) Lc 2, 1-14
Frères et sœurs, en cette nuit de Noël, l'Évangile selon S. Luc nous place devant un choix étonnant de Dieu : il rejoint notre monde non par la puissance, mais par la fragilité d'un enfant. Pourquoi Dieu a-t-il choisi ce chemin-là ? Que nous dit cette naissance sur la manière dont Dieu regarde le monde et la vie ? Qu'est-ce que cette naissance change dans notre manière de vivre, de croire, de regarder notre condition des êtres incarnés ?
En devenant enfant, Dieu nous apprend d'abord à regarder la vie avec des yeux émerveillés. L'enfant ne possède rien, mais il reçoit tout. Il s'étonne de ce qui est simple, il se réjouit de ce qui est petit. À Noël, Dieu nous invite à quitter un instant nos regards fatigués, souvent marqués par l'inquiétude ou la déception, pour retrouver cette capacité d'émerveillement. La vie n'est pas seulement une suite de problèmes à résoudre ; elle est aussi un don à accueillir.
En devenant enfant, Dieu nous apprend à regarder sans peur la vie dans sa fragilité. Un enfant est vulnérable, dépendant, exposé. Et pourtant, c'est là que Dieu choisit de se révéler. Il nous dit ainsi que la fragilité n'est pas un échec, mais un lieu où la vie peut naître et grandir. Ce que nous considérons parfois comme faiblesse - nos limites, nos blessures, nos peurs, nos petitesses - peut devenir un espace de rencontre avec Dieu.
En devenant enfant, Dieu nous apprend à regarder la vie dans la confiance. L'enfant ne maîtrise pas l'avenir, mais il avance porté par la confiance qu'il accorde à ceux qui l'entourent. Dieu choisit ce chemin pour nous rappeler que vivre, ce n'est pas tout contrôler, mais se laisser porter. Faire confiance à la vie, c'est accepter de ne pas tout comprendre, tout prévoir, tout sécuriser, mais croire que nous sommes accompagnés.
En devenant enfant, Dieu nous apprend enfin à regarder la vie comme une relation. Un enfant ne peut pas vivre seul : il a besoin d'être accueilli, aimé, protégé. À Noël, Dieu nous dit que la vie se reçoit des autres et se construit avec les autres. La confiance en la vie passe par la confiance donnée et reçue, par le partage, par la présence les uns aux autres.
Frères et sœurs, la naissance de Jésus ne concerne pas seulement un enfant à Bethléem. Elle nous concerne tous. Car naître, ce n'est pas seulement venir au monde une fois. Naître, c'est aussi accepter de renaître : renaître à la confiance quand tout semble fragile ; renaître à l'espérance quand le découragement nous guette ; renaître à l'amour quand la peur ou l'indifférence voudraient l'emporter.
Que cette nuit de Noël ravive en nous le désir de vivre pleinement, de faire confiance à la vie, de s'émerveiller du miracle de la vie qui gagne toujours, par-delà nos vulnérabilités.
fr. Maximilien