7° Dimanche de Pâques (C) Jn 17, 20-26
La confiance de Dieu est prodigieuse. La confiance de Dieu est sans retour. Elle est offerte et définitive pour tout homme qui croit. Voilà, aujourd'hui, ce que nous dit le Fils de Dieu par sa prière. Et pourtant une confiance trahie et meurtrie. Dieu va être trahi. Au moment de cette prière, juste avant, Judas est sorti. Il fait nuit (Jn 13, 30). Il part vendre son compagnon, son ami.
Dieu va être renié. Après cette prière et l'arrestation, Pierre renie, par trois fois le Seigneur (Jn 18,17. 25-27), préférant se tenir à la lueur d'un feu et affirmer qu'il ne le connaît pas. Et nous donc ?
Peut-être sommes-nous tantôt l'un ou tantôt l'autre, tantôt l'un et l'autre, tantôt ni l'un, ni l'autre. Mais il me semble que l'essentiel est ailleurs car quels que soient nos trahisons, nos reniements, quelles que soient les ténèbres qui entourent la prière de Jésus à son Père, le Fils de Dieu prie pour nous. Et cette prière est plus forte que nos lâchetés, que nos dérobades ou turpitudes. Car ce qui fait l'unité et la construit à mesure que nous cheminons vers le royaume, c'est d'abord notre désir d'adhérer à cette unité en Dieu, de la fortifier en réduisant les sources de division, de la vivifier en s'efforçant de cultiver la paix et la fraternité entre nous.
Et le signe de ce désir d'unité avec le Seigneur et de fraternisation entre nous et en Dieu, c'est notre présence ici dans cette célébration de la résurrection du Christ. Tous dans un profond silence, nous écoutons la même parole de Dieu qui s'adresse à l'intime de chacun, tous dans un même mouvement, nous communions au même Corps et Sang du Christ, tous nous en appelons à sa miséricorde et mettons notre espérance en Lui.
Cette unité ne vient pas de nous. Elle est un don de Dieu. C'est le Christ qui nous rassemble et nous relie les uns aux autres. C'est le Christ qui nous donne de fraterniser dans nos différences et de les dépasser au-delà de nos sensibilités, de nos trajectoires, de nos idées. C'est le Christ et le Père qui sont Un, qui font de nous des frères et sœurs unis dans et par leur Esprit. Cette unité qui demeure dans le sein du Père, du Fils et de l'Esprit, c'est celle de leur amour pour tous les hommes et pour chacun d'entre nous sans condition. Notre contribution à l'unité, c'est de tendre vers elle par les liens de la paix et de l'amour fraternel. C'est de la tisser par les fils de l'amitié, de la concorde, par les fils de la patience et de l'espérance sans se laisser décourager par nos divisions et nos conflits.
Au milieu d'un environnement hostile et dangereux le Fils de Dieu se tourne vers le Père, les yeux levés au ciel, il prie. Il prie non seulement pour les apôtres, mais il prie pour nous, pour chacun d'entre nous. La pureté de sa prière est telle qu'il ne craint pas de la confier à des hommes : les apôtres. Sa Parole divine épouse la parole d'hommes pécheurs, mais d'hommes pécheurs désormais investis d'une confiance divine. « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi.» dit le Seigneur.
Splendeur admirable d'un Dieu qui s'abaisse jusqu'à nous, pour nous dire aujourd'hui, au-delà de toutes nos compromissions : « Ayez confiance, je crois en vous, je prie pour vous et je vous aime.» Amen.
F. Nathanaël