19° Dimanche du TO (C) Lc 12, 32-48
« Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. ». Comment entendre cet impératif du Seigneur qui sonnerait bien comme un appel à la vigilance qui est un peu la tonalité de cet évangile. « Tenez-vous prêts ». Oui, mais à quoi ? Comment ? Les deux premières lectures peuvent être un appui pour avancer sur ce chemin.
Le livre de la Sagesse, en première lecture, renvoie à l'annonce de la nuit pascale des Hébreux, celle de la délivrance du pays de l'esclavage, l'Égypte. Nuit et pays, où le Seigneur passera de maison en maison en épargnant les maisons marquées du sang du bétail sacrifié tout en frappant les premiers-nés d'Égypte, hommes et bêtes. C'est la nuit de la Pâques, celle du passage du Seigneur relatée au chapitre 12 du livre de l'Exode. Pâques où le sacrifice pascale doit être mangé reins ceints, sandales aux pieds, bâton à la main et en toute hâte dit le Seigneur.
Cette Pâques, c'est celle accomplie par et en Jésus-Christ qui invite à manger son corps et à boire son sang pour témoigner de lui quels que soient les temps et les lieux au risque, en certains endroits, de sa propre vie comme lui-même a risqué et donné la sienne pour tous et chacun d'entre-nous.
C'est dire s'il s'agit bien de nous tenir prêts ici-bas à communier à sa mort et à sa résurrection en nous offrant nous-mêmes avec lui et en lui dans l'intégralité de notre personne, de communier avec notre vie et par elle. Non seulement par les sacrements et en proclamant son évangile mais aussi, et inséparablement, d'une manière existentielle où l'existence en elle-même par ses manifestations extérieures interpellent et suscitent le désir de connaître Jésus, d'une manière existentielle qui soit en conformité et en vérité avec celle qui fut la sienne sur les chemins de Galilée ; d'une manière qui transforme le monde, non en le jugeant et en le condamnant mais en ayant à cœur de le grandir en humanité, en tendresse, en bienveillance, de grandir le monde en patience d'enfantement pour l'homme nouveau promis par le Seigneur.
La lettre aux Hébreux, en seconde lecture, dit comment. Par la foi. La foi en un Dieu qui nous invite à quitter ce qui ne peut que vieillir et mourir pour entrer en possession d'un héritage qui est la vie même de Dieu et sa cité. La foi en Jésus-Christ, lui l'accomplissement de la promesse faite à Abraham, à Sara et à leurs héritiers- lui qui nous invite à marcher sur leurs pas, à les suivre par une conversion continue de notre vie.
Affermissant ce qui est bon, corrigeant ce qui est moins parfait, redressant ce qui penche, ajustant ce qui est décalé au fur et à mesure du chemin, Jésus-Christ nous invite à faire surgir le meilleur de notre humanité en conformité avec celle du Galiléen qu'il fut pour parvenir avec lui à la résurrection et au royaume céleste, pour devenir Christ avec lui.
Sœurs et frères, ainsi, serons-nous quelque part prêts à partir, sur le qui-vive si nous veillons à garder la tenue de service, la ceinture autour des reins, nos lampes allumées, attendant le retour de notre Maître intérieur qui est venu, qui vient et qui viendra.
Nous traversons, ici-bas, la nuit des derniers temps. Nous sommes dans la veille d'un départ parfois longuement mûri, parfois négligé, parfois soudain pour partir vers le royaume ou plutôt dans la veille d'un retour à Dieu. À cette fin, le Christ ressuscité, à travers le désert de ce monde, nous donne pour nourriture sa manne eucharistique et pour carte ses conseils, ses préceptes, ses enseignements. Il nous donne des balises pour cheminer selon une vie qui lui ressemble au sein d'un caravane en pérégrination, son Église. Au fil du temps et de la route, il nous donne ses guides et ses exemples : apôtres, prophètes, saints, martyrs, bienheureux, justes, convertis, pécheurs repentis, personnes de bonne volonté. Il donne la terre entière à nourrir de sa présence par notre espérance et l'amour fraternel. En définitive, il se donne lui-même. Puisse le Père nous tenir toujours prêts à accueillir son Fils dans notre vie comme dans notre mort au meilleur de notre humanité qu'il désire pour nous et nous emmener au plus haut de notre vocation divine par la force de son Esprit Saint. Amen
F. Nathanaël