Veillée pascale (B) Mc 16, 1-8

Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. Eh voilà, c'est ainsi que se terminait l'évangile de Marc à la première rédaction, jusqu'à ce que quelqu'un n'ajoute les versets suivants, avec l'apparition de Jésus à Marie-Madeleine, comme pour combler le vide et ne pas en rester à une fin aussi pathétique. Peut-on terminer un évangile sur la constatation d'un manque de foi ? C'est pourtant bien cela que Marc voulait pointer : la peur des femmes devant le tombeau vide, malgré le fait que le jeune homme vêtu de blanc leur dise de ne pas craindre. De leur côté, les hommes n'ont pas de quoi se glorifier, car ils ont renié Jésus lors de sa Passion ! Et nous, frères et sœurs, peut-être que nous avons aussi encore peur et que nous n'osons rien dire à personne ? Est-ce qu'il est facile de dire à ses collègues de travail ou aux membres de sa famille qui ne croient pas que Jésus est ressuscité ? En fait, la résurrection de Jésus n'a jamais été évidente, car elle demande la foi et la confiance.

Réécoutons les versets entendus tout à l'heure, dans la lecture d'Isaïe, où Dieu s'adresse à son Épouse, Jérusalem (et à nous aussi en tant qu'Église) :  Tes fils seront tous disciples du Seigneur, et grande sera leur paix. Tu seras établie sur la justice : loin de l'oppression, tu n'auras plus à craindre ; loin de la terreur, elle ne t'approchera plus. Pensons aussi à Abraham, à qui Dieu demande (apparemment) de sacrifier son fils unique. Il lui fallait une bonne dose de foi ! Et Moïse, qui a fait passer le peuple hébreu à travers la mer Rouge, il a bien fallu qu'il croit en Dieu en levant son bâton et en étendant les bras sur la mer ! Ce bâton, c'était comme une préfiguration de la Croix qui nous sauve...

Frères et sœurs, le Seigneur nous surprend toujours. Ses pensées ne sont pas nos pensées, et ses chemins ne sont pas nos chemins, dit encore le prophète Isaïe. Le chemin de la Résurrection dépasse l'entendement de la raison humaine. Il nous faut donc faire un acte de foi, et ne plus craindre. Même la « crainte biblique » de Dieu, que les femmes éprouvent au tombeau, cette crainte doit laisser place à la joie de la Vie. Alors, ensemble, croyons que cette Vie est plus forte que la mort, et que nos tristesses et nos craintes sont emportées par le fleuve de son Amour.

Amen.

F. Columba