Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers (B) Jn 18, 33b-37
La liturgie de la parole de ce dimanche du Christ Roi, dernier de notre temps ordinaire, nous donne à entendre l'évangile de Jean où Jésus arrive au terme de sa vie terrestre parmi les hommes. L'heure de vérité est là désormais. Jésus est soumis au jugement inique d'une partie de son peuple et à celui d'une puissance païenne. Il rend témoignage à la vérité et quiconque appartient à la vérité écoute sa voix dit-il à Pilate. Pour nous qu'en est-il de cette vérité du Christ Roi et de l'écoute de sa voix ?
Vérité de l'histoire, vérité de la philosophie, de la littérature, vérité des mathématiques... Ces vérités de différentes disciplines sont autant de portes d'entrée pour la chercher, la désirer, la faire. Et selon que l'on sera philosophe, historien, mathématicien, elle permettra aux hommes une meilleur connaissance du monde et de l'humanité. Mais si ces vérités peuvent se croiser sans se confondre, elles restent cependant ordonnées à un monde fini et déterminé.
Mais il est peut-être une vérité d'ordre plus grand, plus large, plus haut et plus profond encore, celle d'un cœur humain qui aspire à la lumière, tourné vers quelqu'un, le Christ qui nous appelle à lui appartenir. Appartenir à la vérité demande du courage car force est de reconnaître que nos vies sont parfois embarquées dans des fleuves de faussetés, de dénis, d'erreurs ou le risque de noyade et d'engloutissement est réel. Il s'agit alors de trouver le courage de faire la vérité, de remonter ces fleuves à contre-courant pour ne pas laisser son courant nous emporter trop vite, trop loin au risque de ne plus entendre alors la voix du Christ, de ne plus être en mesure d'écouter sa voix. Si cette voix retentit à l'intime de notre cœur, elle n'en retentit pas moins au milieu du monde et de l'Église par la voix de ceux qui la font et la crient.
Vérité du mal en nous et autour de nous, qui nous défigure et nous plonge dans le mystère de la passion du Christ qui prend ce mal sur lui. Vérité d'un monde qui a connu et connaît toujours les affres de la violence, de la haine, de la guerre.Vérité des orgueils démesurés de notre humanité, de ses passions désordonnées, de ses désirs déréglés.
Mais vérité bien plus grande d'un Dieu crucifié qui veut nous élever avec lui, par lui et vers lui, nous grandir à la mesure de son royaume. Vérité d'un Christ Roi qui veut nous éléver d'une vérité qui nous arrache à la terre baignée du sang des innocents qui coule chaque jour avec son propre sang. Cette vérité du Christ nous plante en espérance au Ciel. Jésus ne sera pas lapidé, jeté du haut vers le bas comme d'un précipice mais élevé du bas vers le haut car la vérité n'appartient pas aux ténèbres, mais à la lumière qui les surplombe et qui attire à elle ses enfants.
Mais vérité plus forte des fleuves de grâce qui nous baignent plus que toutes nos compromissions avec le mal, le péché qui sont autant de déchets et qui nous portent vers la source originelle et nous purifie déjà de toutes les crasses. Et ces fleuves font leur travail lorsque nous choisissons la vérité, lorsque nous la laissons entrer dans notre vie au point d'en être transformés, changés, convertis. Faire la vérité dans un monde voilé, clair-obscur est un travail astreignant de chaque jour, continu car la vérité est toujours une conversion au réel, à des faits, à une reconnaissance de ce qui est en bien comme en mal. Qui fait la vérité vient à la lumière.
Frères et sœurs, cette vérité du Christ qui attire tout à lui, je nous la souhaite, je la souhaite à son Église, je la souhaite à notre monde. Nous n'avons pas à la craindre puiqu'elle est l'Amour qui vient, elle est l'Amour qui sauve, elle est notre espérance, elle est le visage qui nous attend. Amen.
fr. Nathanaël