Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur (B) Mc 14, 1 - 15, 47
Frères et sœurs, avec nos rameaux bénis, nous pouvons acclamer notre Roi ! Celui qui trônait dans le ciel, attelé comme le prophète Élie sur un char de lumière, a voulu descendre jusqu'à nous, et être porté par un petit âne, humble animal. Aux portes de Jérusalem, il siège aujourd'hui sur la Croix, en pleine gloire. Oui, en pleine gloire ! La Croix de Jésus est victorieuse, ne l'oublions pas. Elle est un étendard de Vie, un glaive planté dans la gueule de la mort, un bois qui sauve du naufrage.
Le Verbe de Dieu a rusé pour nous libérer. Tel un talisman qui fait sauter une porte verrouillée, le Christ a choisi d'entrer dans les profondeurs de la mort, comme Jonas dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, pour nous en délivrer. Il a pénétré jusqu'à l'intime du monde pour le transformer de l'intérieur. Comme dit le théologien H. U. von Balthasar : « Il n'est pas de combattant plus divin que celui qui peut se permettre de vaincre par la défaite. À l'instant où il reçoit la blessure mortelle, son adversaire tombe à terre, définitivement touché. Car il a atteint l'amour, et il est atteint par l'amour ». Oui, le Fils de David, descendant du Roi d'Israël et de Juda, a triomphé comme son ancêtre du géant Goliath. Il l'a frappé d'une seule pierre entre les yeux, et s'est servi de sa propre arme de mort pour le terrasser.
Jésus chemine sur nos manteaux et nos vêtements, il prend sur lui notre chair blessée. Son vêtement à lui, pourpre royale, est de la couleur de notre sang. C'est le vêtement d'un roi qui meurt pour ses sujets, pour le monde entier, pour le monde d'hier et celui d'aujourd'hui. Ce roi, nous l'avons acclamé puis crucifié, mais il nous a sauvés. Lui qui dans sa richesse infinie porte sur ses épaules les Chérubins, il s'est fait pauvre volontairement pour nous, choisissant le chemin de la faiblesse.
De nos jours encore, le Christ nous rejoint dans nos abîmes de souffrances, dans nos profondeurs d'angoisses et de déréliction. Il est allé si bas dans les précipices de la mort que personne ne peut plus chuter qu'en lui. Plus aucune souffrance n'est vaine. Plus aucun être vivant n'est seul, car le Fils de Dieu a traversé avec nous les ravins de la mort. S'étant abaissé jusqu'aux enfers, Jésus Christ a été exalté. Rendons-lui grâce, car il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
Amen.
F. Columba