4° Dimanche de Pâques (B) Jn 10, 11-18
Rassemblés ce matin pour l'Eucharistie, nous sommes tous, et chacun, chacune, des « élus » ; seulement nous le sommes par une élection bien différente de celle où les français élisent le président de la république ou les députés qui les représentent. Dans l'élection d'un président, c'est le pays qui choisit, ce sont les Français qui ont l'initiative de le porter à la tête du pays. Pour Dieu et pour Jésus vrai berger, c'est le contraire : l'initiative, le choix viennent d'abord de lui. Dans son amour qui a toujours l'initiative, Dieu veut que nous devenions de plus en plus les « élus » du cœur du Christ Jésus, parce que et pour que nous lui appartenions en vérité, comme les brebis, le troupeau, dont il est le « bon pasteur », le « vrai berger ».
Dans la langue de Jésus, l'hébreu et l'araméen, en effet, le premier sens du mot « troupeau », c'est la « propriété », ce qui appartient en propre; Jésus est le bon berger parce que les brebis lui appartiennent. Le mauvais berger, le mercenaire : les brebis « ne lui appartiennent pas » dit Jésus. Mais le mot « troupeau » dit encore plus ; il désigne aussi « le trésor personnel », le bien précieux, ce qui a le plus de prix. Il s'agit donc d'une appartenance intime, d'une connaissance personnelle et unique. Jésus est le bon pasteur à cause de cette connaissance : « Je connais mes brebis, chacune par son nom, et mes brebis me connaissent ».
Et ce qui est plus précieux que tout, c'est que Jésus établit un lien, une relation entre cette connaissance qu'il a de chacun et de chacune, et la connaissance, la relation qu'il a avec Dieu son Père : « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent comme le Père me connaît et que je connais le Père ». En Jésus, chacun, chacune de nous, ici, est le bien précieux, le trésor du Père ; comme Jésus est le trésor le plus précieux du Père, le don absolument gratuit, le cadeau merveilleux que Dieu a donné au monde pour que nous ayons la vie, la vraie, celle que la mort ne peut pas détruire. C'est ce que nous venons de célébrer et de vivre à Pâques et que nous continuons à vivre en ce temps de Pâques : Dans l'homme Jésus, Dieu a pouvoir d'entrer dans la mort pour en faire de la vie, il a pouvoir de donner la vie et de la reprendre« Je donne ma vie…J'ai le pouvoir de la donner – c'est la passion et la crucifixion du Christ – et le pouvoir de la reprendre, c'est sa résurrection : voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père ». C'est en cela que Jésus est le Fils unique de Dieu. Si, en Lui, chacun de nous est le trésor du Père, c'est que, par le baptême, chacun de nous est devenu fils bien aimé du Père, comme l'apôtre Jean nous le rappelait : « Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants, fils de Dieu et nous le sommes vraiment… »
Fils unique du Père qui nous rend fils et filles de Dieu en lui et par lui, Jésus est le Vrai berger. Il est, comme Pierre le dit dans la 1ère lecture des Actes, le Seul en qui, par qui nous puissions être sauvés. Si tous et toutes, nous sommes fils et filles de Dieu en Jésus, alors nous sommes et pouvons être frères et sœurs les uns des autres ; alors en lui le Christ, tous les êtres humains de la planète sont et peuvent devenir frères les uns des autres, de cette fraternité universelle qui nous fait passer sans cesse du » Je » - au « nous » et du « nous « au « tous » car, dit aussi Jésus: « J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise… pour qu'il y ait un seul troupeau et un seul pasteur ».
Alors comment des chrétiens pourraient ils fermer leurs frontières pour se trouver tranquilles et bien entre eux ; comment pourrions-nous fermer les portes de nos maisons, de nos familles, de nos communautés à ceux qui sont dans le besoin, la peine, la guerre, pour pouvoir dormir tranquilles ? S'il est important que l'Europe n'oublie pas les références chrétiennes de son histoire, c'est par ce que seules elles peuvent lui assurer un avenir de paix enraciné dans une fraternité universelle.
En cette Eucharistie, nous avons écouté la voix du bon berger dans la parole de Dieu, nous allons recevoir de lui dans la communion la vie des fils et des frères qu'il nous donne. Que cette vie fasse grandir la paix en chacun et chacune d'entre nous et nous donne de la partager largement autour de nous. Amen !
P. André-Jean