26° Dimanche du TO*B Mc 9, 38-43.45.47-48

« Maître, nous avons vu quelqu'un expulser les démons en ton nom ; nous l'en avons empêché, car il n'est pas de ceux qui nous suivent. » Et le Maître d'expliquer : « Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi... »

C'est là un enseignement du Seigneur qui nous montre la force  et la grandeur de son nom qui ne peut être circonscrit, enfermé dan un espace délimité. Son nom est pour tous, même pour ceux qui ne le suivent pas comme le laisse entendre l'évangile. Son nom agit où il veut, comme il veut, quand il veut sur qui il veut. Le nom du Seigneur est diffusif de sa bonté. C'est le nom du souverain Bien qui délivre les captifs. Toute chose bonne au nom du Seigneur ne peut que déborder et surabonder car sa prodigalité est sans mesure et pour tous. C'est un don, une grâce d'être disciple du Christ. Comme c'est une grâce de le connaître et d'agir en son nom sans le suivre semble-t-il. Le Seigneur lui-même ne citera-t-il pas en exemple Naaman le Syrien et la veuve de Sarepta pour avoir bénéficié de la bonté du Dieu d'Israël ? Eux des étrangers qui auront su reconnaître son passage. Et Moïse de s'exclamer : « Ah, si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux. »

Pourquoi faudrait-il empêcher ce qui est bon ? Pourquoi faudrait-il empêcher un homme de faire un miracle au nom du Seigneur ? Quelle que soit la raison, empêcher ce qui sauve est une tentation du diviseur qui ne supporte pas le bien dont l'homme est capable. Mais qu'il y parvienne, ce tentateur pourrait aussi lui laisser entendre qu'il est meilleur, plus juste, plus saint que son frère. Les disciples sont tentés de se faire propriétaires du nom de Jésus, du nom de Dieu parce que choisis et appelés par lui.  L'occasion de chute peut alors surgir pour la personne qui oublie que le Seigneur lui fait don de son appel par pure grâce. Certains tuent et abusent au nom de Dieu. Les disciples du Christ ont à être des témoins de sa Bonne Nouvelle et non des gardiens jaloux de son nom. Nous ne gardons pas le Christ. C'est lui qui nous garde et nous sauve. Le nom du Seigneur n'est pas pour soi seul mais aussi pour d'autres.

Ainsi, tout don du Seigneur à commencer par son nom n'existe véritablement qu'offert à l'autre et rendu à Dieu. C'est une responsabilité que d'exercer les dons du Seigneur sans les corrompre par toutes sortes d'abus. Notre corps est le vecteur de ces dons. Jésus cite la main, le pied, l'œil comme occasion de chute et qu'il faut retrancher. C'est l'image de la mutilation.

En effet, la main, le pied, l'œil sont des membres du corps impliqués dans la relation, la communication, le rapport à l'autre. La main peut s'ouvrir pour soigner, caresser, encourager. Mais elle peut aussi se fermer pour voler, frapper, tuer. Le pied peut marcher à la rencontre de l'autre tel Abraham et ses trois visiteurs, aller à la découverte d'un ailleurs, veiller sur la bonne marche du troupeau tel Jacob, ouvrir de nouveaux chemins et sentiers. Mais le pied peut aussi se mettre en ordre de marche pour la bataille, marcher vers l'autre pour la guerre. L'œil peut veiller, être attentif à l'autre pour mieux le connaître et pourvoir à ses besoins. Mais l'œil peut aussi surveiller, épier, guetter pour mieux piéger ou chercher l'hostilité.

Frères et sœurs, il nous appartient de laisser la grâce nous traverser en résistant aux tentations du geste belliqueux, du coup de pied, de l'œil hostile. Il nous appartient de nous empêcher comme il nous appartient que notre main bénisse au nom du Seigneur, que notre pied soit porteur de la Bonne Nouvelle au nom du Seigneur, que notre œil s'émerveille de la bonté du Seigneur pour tous les hommes.  Que le Seigneur nous donne la force de porter son nom sur tous les horizons et de nous réjouir de sa diffusion au-delà de notre Église. Amen.

Fr. Nathanaël