20° Dimanche du TO*B Jn 6, 51-58

Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu de ce dimanche vient secouer, contester notre manière de vivre en chrétiens dans la réalité de ce monde. Elle nous appelle à une sorte de retour à l'essentiel :

Ècoutez plutôt : dans la première lecture du livre des Proverbes : « Vous, étourdis à qui manque le bon sens … quittez l'étourderie et vous vivrez. Prenez le chemin de l'intelligence ! »… et Paul dans  la lettre aux Éphésiens : « Ne vivez pas comme des fous,, mais comme des sages… Ne soyez pas des insensés… car nous traversons des jours mauvais… » Sommes-nous à ce point  « étourdis », insensés », « fous » ?  La réalité mondiale présente peut le faire penser…

En tout cas c'est dans la réalité de notre temps, dans ces « jours mauvais » de la guerre en Ukraine, au Proche et au Moyen Orient, en Asie du sud-est, en ces jours difficiles de notre France, malgré la belle et bonne trêve des J.O., c'est dans cette réalité que nous sommes appelés au « bon sens » à la « sagesse », c'est dans cette réalité que nous sommes invités à une réflexion et une action « remplie de l'Esprit saint » nous dit Paul. Aurions-nous perdu ce « bon sens », cette « sagesse » - bref : le sens même de la vie car là est l'essentiel :

Ce sursaut,  ce retour à l'essentiel, c'est bien d'abord nous interroger sur le sens de la vie et donc, sur notre origine et notre fin : d'où nous venons et où nous allons. Réfléchissons un instant : aucun de nous n'a demandé d'exister, de venir au monde, c'est par les autres, mes parents que je suis né…J'ai donc été précédé dans la vie et – espérons le pour tous – précédé par l'amour des autres…  C'est mon origine…Et, comme il y a eu un « avant » ma naissance, Jésus me dit qu'il y aura un « après » ma mort, la fin de ma vie, ce qu'il appelle dans cet évangile : la vie éternelle, la résurrection au dernier jour… Pour garder le bon sens, un sens à sa vie, il importe donc d'abord de penser d'où nous venons et où nous allons, penser à notre début et à notre fin, assumer notre commencement et notre mort et penser à l'au-delà… Peut-on trouver un sens à la vie en évacuant cet au-delà, cette transcendance ? Déjà Malraux, agnostique, dans les années 60, se posait la question à la fin de sa vie : " Il est certain que, pour un agnostique, la question majeure de notre temps devient : peut-il exister une communion sans transcendance?…Sur quelle transcendance non révélée l'homme peut-il fonder sa communion"?  (Préface au livre du P.P.Bockel, L'enfant du rire, Paris, Grasset, 1973) Et il ajoutait: " A quoi bon aller sur la Lune, si c'est pour s'y suicider ?"

Mais Jésus, dans notre évangile nous appelle à aller plus loin, à découvrir de plus en plus qu'il s'agit de vivre par Lui,  de ne plus vivre par nous-mêmes, mais de vivre par Lui, de le reconnaître comme Celui qui est le commencement et le terme de notre existence, de vivre par lui,  de faire la même expérience que lui : Écoutez  ce qu'il dit : « De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi… »

Et, afin que nous vivions par Lui, il nous interroge chacun et chacune :

« De quoi, de qui te nourris-tu ? » Il s'agit bien, en effet de nourriture dans la parole de Dieu de ce jour : dans la première lecture : « Étourdis, insensés que vous êtes, venez mangez de mon pain, buvez le vin que j'ai préparé, dit la Sagesse » ; et Jésus : « Celui qui mange le pain que je lui donne, ce pain qui est ma chair livrée et mon sang répandu par amour «  vivra éternellement »

Alors, frères et sœurs, demandons nous : de quoi je nourris mon esprit, mon cœur, ma sensibilité à longueur de jours : où se situe pour moi la vraie nourriture : dans mes lectures, mes spectacles, journaux, internet, etc… comment la Parole de Dieu, l'évangile de Jésus est ma vraie nourriture, comment l'Eucharistie nourrit-elle ma vie ?

C'est l'Esprit Saint, en cette eucharistie, qui fait du pain et du vin le corps et le sang de Christ ressuscité. En communiant, le Ressuscité me communique son Esprit ; que ce même esprit inspire la bonne réponse aux questions que je me pose sur ce qui me nourrit et me fait vivre : « Venez, mangez de mon pain ; buvez de mon vin, vous vivrez et prendrez le chemin de l'intelligence » comme le Livre des Proverbes nous l'a dit.  Qu'il en soit ainsi !Amen !

P. André-Jean