Vendredi Saint Jn 18-19
Que dire à un moment où l'on devrait plutôt se taire ? Nous avons tué le Verbe, la Parole de Dieu. Comment donc parler de manière juste, si ce n'est par le silence ? La Lumière du monde s'est éteinte. Elle a été placée sous le boisseau et sera bientôt enfouie dans un tombeau. Après le grand cri de Jésus, le silence de Dieu enveloppe toute la terre. Le repos du Sabbat se prépare.
Avec l'humiliation de la parole, la négation du Verbe, c'est toute l'humanité qui se meurt, comme une brebis qu'on mène à l'abattoir. Avec l'humanité, c'est aussi toute la création de Dieu qui se perd. En tuant Dieu, l'Homme s'est en quelque sorte suicidé. En détruisant la terre qui le porte, il s'est anéanti lui-même. En effet, ce n'est pas seulement Jésus qui est mort. Nous le sommes avec lui, crucifiés à ses côtés, comme des criminels. Pourtant, lui est innocent, et c'est bien là le scandale. La mort de l'innocent est un trou noir incompréhensible. Elle est l'œuvre du néant diabolique, mensonge absolu qui se révèle au grand jour, malgré les ténèbres. Quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière (Jn 3,20). La haine ne s'explique pas. Celui qui souffre comme innocent en fait seulement l'expérience avec le Christ.
Frères et sœurs, l'Homme s'est emparé du fruit de l'Arbre de Vie. C'est le corps de Jésus sur la Croix. Aujourd'hui encore, tant de beaux fruits sont arrachés de cet arbre, pour être jetés misérablement à terre, afin d'être piétinés. Des hommes partent pour la guerre en Ukraine, des enfants sont enrôlés dans des guérillas, des femmes sont réduites en esclavage, des jeunes sont obligés de quitter leur pays à cause du réchauffement climatique ou de la dictature. La corruption et le péché semblent avoir contaminé toute la terre, comme une pourriture dans le fruit de la Vie… Pourtant, la sève est toujours dans l'Arbre. L'espérance ne peut mourir. La résurrection est en germe, prête à surgir de la mort. Confions notre monde au Seigneur, à travers toutes les intentions qui vont être lues dans quelques instants.
Fr. Columba