Transfiguration du Seigneur (A) Mt 17, 1-9
Jésus gravit une haute montagne. Il monte à la rencontre du Très-Haut. Le Fils monte, là où réside la gloire cachée du Père qui va bientôt se révéler à Pierre, Jacques et Jean. Le sommet de son ascension, c'est Jésus lui-même transfiguré devant ses disciples, c'est l'éclat de sa gloire originelle manifestée aux hommes qui annonce celle de sa résurrection et la nôtre. C'est la source divine éternelle qui se révèle pour montrer que la souillure de la croix ne l'emportera pas mais qu'au contraire notre condition de pécheur est promise elle aussi à la transfiguration comme le Christ.
Par sa Transfiguration, le Seigneur ne nous invite peut-être non pas tant à imaginer, à spéculer sur ce phénomène que nous raconte l'évangéliste qu'à le laisser transfigurer nos vies. Des vies transfigurées à hauteur d'homme et de femme.
Ainsi, l'éclat d'un sourire au milieu des larmes d'un repentir. Là, une vie déréglée ; transfigurée par la miséricorde du Seigneur, elle change. Ailleurs, le murmure d'une parole qui révèle l'amour de Dieu et des hommes ; la vie reste belle. Plus loin encore des flammes de pardon qui jaillissent au milieu des ténèbres ; une vie d'espérance est toujours plus forte que la mort. Tout proche, un être cher disparu mais que l'on sait, dans la foi, vivant auprès de Dieu. Un geste de réconfort, une parole de réconciliation, un regard de compassion, un silence d'apaisement ; le Seigneur passe et transfigure pour qui met sa foi en lui. Selon notre histoire, notre nature, selon son pardon, sa miséricorde, il transfigure et laisse affleurer ce que nous ne sommes pas encore mais aspirons à devenir, des enfants de lumière.
La Transfiguration est comme un phare qui brille au loin et nous attire au milieu des océans du monde à traverser où si les périls ne manquent pas, si les risques de naufrage demeurent possibles, la lumière émise n'en continue pas moins de rayonner au plus sombre des ténèbres.
La lumière de la Transfiguration est pour nous un signe brillant dans nos nuits. Elle vient apporter un surcroît de chaleur, certes lointaine, certes quelque peu nébuleuse, mais pourtant bien réelle puisqu'elle est celle de la Résurrection. Cette lumière vient de l'outre-tombe, elle est plus haute que l'ensevelissement de Jésus, elle plus forte que la mort de la croix et que la nôtre, qu'elle balaie de son éclat fulgurant, de son feu divin.
La Transfiguration manifeste Jésus-Christ comme la source et la fin de notre vie spirituelle, comme la source de toute lumière, comme l'Alpha et l'Oméga. C'est Lui, le soleil de la gloire divine d'où surgit la lumière de Dieu. Et Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et l'Esprit du Christ illumine de sa lumière éternelle le corps de Jésus. Dieu transfigure l'humanité.
Aussi demandons au Seigneur que la lumière de sa Transfiguration éclaire la route de notre conversion, nous donne sa célérité pour gravir la montagne et toucher à « la source et au sommet » (LG §11) de notre vie de chrétien : son Eucharistie.
Écoutons-le, il entend nos prières et les exauce. Écoutons-le, il nous parle et déjà sa Parole nous transfigure. Amen.
fr. Nathanaël