Défunts Mt 11,25-28

Si l'on regarde la vie avec pragmatisme, celle-ci peut apparaître comme une peine infligée à l'homme. Personne n'a demandé à vivre. Certaines personnes n'aspirent qu'à une chose, c'est de mourir, de ne plus vivre cette vie qu'ils n'ont pas choisie et qui leur est insupportable, à cause de toutes les épreuves qui leur arrivent. La mort est donc perçue comme un repos bien mérité, après les peines de l'existence.

La voix qui vient du Ciel, dans l'Apocalypse, dit ceci dans la première lecture : Heureux, dès à présent, les morts qui meurent dans le Seigneur. Oui, dit l'Esprit, qu'ils se reposent de leurs peines, car leurs actes les suivent. Ce verset est à mettre en contraste avec celui qui précède : Ils n'ont de repos ni le jour ni la nuit, ceux qui se prosternent devant la Bête et son image, et quiconque reçoit la marque de son nom. Il y a un repos pour celui qui fait le bien, malgré les épreuves endurées. Au contraire, celui qui fait le mal n'a pas de repos.

Jésus, de son côté, invite tous ceux qui peinent à porter son fardeau léger à lui, pour trouver le repos de l'âme. Paradoxe du repos dans le travail et dans la peine. C'est ce que disait aussi l'évangile des Béatitudes, que nous avons entendu hier. Il est possible d'être heureux alors qu'on souffre, d'être dans le repos en plein travail. Celui qui vit en Dieu ne vit pas la souffrance de la même manière. Il la traverse. Ainsi, en traversant les deuils de l'existence, il apprend à franchir le passage ultime de la mort, comme le Christ.

Si nous reprenons la métaphore du feu qui transforme le bois en braises, on peut dire que le repos consiste à se laisser embraser par Dieu, et finalement, la braise devient cendre à force d'être consumée. Le désir de Dieu nous fait mourir à notre ego. Nous redevenons poussière, et nous retournons à la terre pour l'enrichir. La cendre, on le sait, constitue un apport important pour enrichir la terre et y faire pousser de nouveaux plants. La mort n'est qu'une apparence. Car quelque chose n'est plus, mais quelque chose d'autre est en train de naître, qui n'apparaît pas encore. Il nous faut croire que derrière la peine se cache le repos, que derrière la souffrance et la mort se cachent la vie. Demandons cette grâce de la foi, afin de garder l'espérance de la résurrection.

Fr. Columba