7° Dimanche de Pâques (A) Jn 17, 1-11

Dans cette page d'Evangile apparemment difficile, voire abstraite, Jésus, le Messie, le Christ notre Seigneur révèle quelque chose de fondamental de sa relation avec Dieu son Père, Dieu le Père. Il le fait à ses disciples, aux apôtres, juste avant sa Passion, durant le dernier repas, la Cène, où par le pain et le vin Il se donne lui-même et continue de se donner lui-même en nous révélant, si l'on veut bien l'écouter et y être attentif, quelque chose de ce mystère profond et pourtant si simple de sa relation au Père.

Oui, avec Jésus, c'est vraiment Dieu le Père qui vient à nous au cœur de nos vies, qui vient se proposer avec respect et délicatesse sans s'imposer avec violence alors qu'au moment où Il parle ainsi aux apôtres, Il est donc proche de sa violente Passion. Un Dieu en trois personnes affirmons nous, Père, Fils et Esprit Saint. Un Dieu compliqué, pensent certains, mais si simple lorsqu'on a la clef de compréhension : un amour qui se reçoit et qui se donne. Oui, cette relation, le terme est trop faible, cette Alliance, ce dynamisme de vie et d'amour existant entre le Père, le Fils et l'Esprit Saint, Jésus vient nous y inviter en nous proposant, pas moins, de participer dès à présent, de façon unique et originale à la vie de ce Dieu vivant qui n'est donc nullement immobilisme béat mais bien dynamisme exigeant d'un amour qui tout à la foi se reçoit et se donne donc entièrement. Cela peut donner le vertige voire faire vraiment peur si l'on en prend un peu conscience, ou bien nous laisser indifférents tant cela semblerait si extravagant et étranger à nos préoccupations du moment, tant cela semblerait ne pas nous concerner. Et pourtant, c'est bien là qu'il faut lire cette page d'Evangile avec un peu de foi, avec l'oreille d'un cœur un peu ouvert.

Oui, ces paroles de Jésus me concernent et en m'attachant à Jésus, je peux donc bien entrer dans ce mouvement qui le fait aller vers le Père. Alors, à l'imitation de Jésus disant : Je viens vers Toi ô Père, puissions nous dire aussi librement : je viens vers Toi… Oui, je me lèverai et j'irai vers mon Père où que j'en sois sur mon chemin qui pourra être peineux, fastidieux, celui d'un captif devant se libérer sans cesse des esclavages divers de l'Egypte. Le fils prodigue n'a pas eu peur d'un tel mouvement, d'un tel retour, d'une telle conversion. Le mouvement de Jésus vers son Père est évidemment différent. Le Fils du Père, Jésus, Lui, n'a nul besoin de ce pardon, mais il vient donner en quelque sorte le coup d'envoi en nous tendant la main et nous envoyant son Esprit, à nous dont la conversion nous fera entrer dans ce dynamisme, cette ascension vers le Père. Conversion qui, comme le suggère la deuxième lecture, n'ira pas sans communion aux souffrances du Maître, sans contrariétés et adversités de la part d'un monde, d'une certaine mentalité mondaine que nous pourrions cependant mettre en échec par quelques petits choix quotidiens de silence, de vie intérieure, de prière, de rythmes plus respectueux de notre incarnation, de justice, d'attention aux autres et à son environnement, que sais-je encore. Oui, ce mouvement d'aller vers la Vie éternelle, vers le Père, nécessiterait d'être bien incarné, d'avoir d'abord les pieds sur terre par le respect de cette même terre, de la Création, du prochain, de nous-mêmes, bref, de cette vie que nous ne nous donnons pas à nous-mêmes mais que nous recevons pour en partager quelque chose à notre tour. Ce mouvement d'aller vers le Royaume, à Jésus vers le Père grâce à l'Esprit qui habite en nos cœurs, ce mouvement commence maintenant ou plutôt il a déjà commencé depuis longtemps pour chacun d'entre nous, tous appelés, chacun par notre nom comme le suggère la première lecture tirée du livre des Actes. Passage qui s'attarde bien à préciser le nom de chaque apôtre sans oublier Marie mère de Jésus, elle qui plus que quiconque peut nous aider dans cette ascension, cette réception de l'Esprit, cette conversion pour se mettre à la suite de Jésus. "A Jésus par Marie" disait au 17e siècle saint Louis-Marie Grignon de Montfort et avec Jésus vers le Père avec l'Esprit qui habite et travaille en nos cœurs. Beau programme de marche, belle feuille de route et cette route est ouverte pour tous et chacun, pour une marche, pour une course mais sans concurrence, bien au contraire. Une course vers la Vie, dans la vie, pour la vie, dans une même communion ainsi que le suggère encore la deuxième lecture et comme le rappelle saint Benoît dans le prologue de sa Règle des moines : « A mesure que l'on avance dans la vie… et la foi, le cœur se dilate, et l'on court alors sur la voie des commandements de Dieu dans l'indicible douceur de l'amour. »

f. Philippe-Joseph