4° Dimanche du TO*A Mt 5, 1-12a
Nous avons tous les oreilles cassées par les slogans de nos médias et de nos publicités modernes qui garantissent le « bonheur » : si vous voulez être heureux, si vous voulez vivre heureux, si vous voulez une vie de couple réussie (bien souvent, on ne parle même plus de mariage …), il vous suffit de le vouloir : aujourd'hui, tout est possible avec de l'argent ! Achetez donc tel type de voiture, ou la maison tout confort ! Utilisez telle marque de parfum, tel produit de beauté, et vous rencontrerez plus sûrement l'homme ou la femme de votre vie ! Et que dire de l'apport des techniques modernes comme les portables, les ordinateurs, l'internet ? Aujourd'hui, tout est à notre disposition, nous disent les publicités, pour être des hommes et des femmes heureux ! A les écouter, tout devient possible, tout est permis et le bonheur est à portée de main !
Les propositions offertes sont toutes très alléchantes et rejoignent nos aspirations les plus profondes, celles d'un bonheur et d'une joie authentiques ! Ils le savent bien tous ces marchands de bonheurs qui s'achètent à prix d'argent ! Hélas, nous le savons bien, un bonheur acheté ne dure pas et ne peut pas rassasier longtemps. La course effrénée vers le confort, le luxe ou quelque bien qui satisfasse momentanément nos désirs n'aboutit jamais : cette course-là est sans fin ! Et notre cœur est sans repos tant qu'il n'a pas trouvé un bonheur qui puisse le combler.
Depuis toujours, comme nous le rappelle le récit de la genèse avec Adam et Eve, nous voyons l'homme et la femme en quête du bonheur. Jamais ils n'y parviennent par eux-mêmes… Ils vont de déception en déception, jusqu'au désespoir, ou à la constatation de l'absurde ! Rien ici bas ne peut satisfaire leur attente la plus profonde. Saint Augustin le savait bien lui qui avait erré longuement jusqu'à sa rencontre avec le Seigneur ! Nous connaissons tous son émerveillement quand il put enfin s'exclamer : «Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne demeure en Toi ! »
Voilà ce que le Bonne Nouvelle de ce matin nous propose ! Jésus vient nous livrer le secret de Sa Joie, la clef du Bonheur capable de contenter notre désir profond, d'assouvir notre soif. Jésus, en venant parmi nous, révèle en effet, ce grand mystère du bonheur reçu gratuitement. Bien plus, Il veut nous faire partager sa vie et sa joie de Fils, pour qu'ainsi nous soyons heureux pour toujours. Jésus nous livre son secret du Bonheur parfait en un programme surprise qui, au départ, n'a rien d'alléchant ni d'accrochant : la pauvreté- la douceur- les pleurs- la faim et la soif de la justice-la miséricorde-la pureté du cœur- la persécution !
De fait, Jésus nous propose la pauvreté alors que l'on nous crie partout, sur tous les tons, que seule la richesse peut nous combler.
Jésus nous invite à la douceur et notre monde ne pousse qu'à la violence, à la guerre, à la haine pour dominer l'autre et sortir heureux de notre victoire !
Jésus béatifie ceux qui pleurent, et nous voulons jouir et vivre dans une quête de plaisir à n'importe quel prix !
Toutes les propositions offertes par jésus n'ont rien à voir avec le programme mis en place dans notre monde ! Le programme avancé par Jésus nous fait entrer dans un bouleversement complet, une sorte de révolution ! Car pour Lui, le Bonheur ne se trouve pas dehors mais bien au-dedans de nous! « Change ton cœur et tu trouveras le Bonheur ! » C'est dans ton cœur que tout doit commencer car c'est du cœur que sort ce qui est bon et ce qui est mauvais.
Jésus est le modèle et la source de ce changement fondamental. Ne s'est-il pas présenté lui-même comme « doux et humble de cœur », se recevant de son Père ? Sa joie est de faire celle de son Père ! Son bonheur ne s'achète pas, ne s'acquiert pas à la force des poignets, ou en alignant des dollars ou des euros. Il est à la portée de toutes les bourses et même il avantage ceux qui n'en n'ont pas ! Celui qui jouit d'un cœur pauvre, à l'image de Jésus, est toujours gagnant : le bonheur ne le quitte jamais. Il jouit du Royaume des Cieux qui n'est autre que Dieu lui-même, avec en prime, sa Joie et Sa Paix !
Autrement dit, pour jouir du Bonheur de Jésus, il nous faut demeurer les mains ouvertes pour accueillir d'un Autre tout ce dont nous avons besoin pour vivre heureux et comblés, sans jamais rien retenir ! Seul Dieu sait ce qui peut nous combler ! Tu seras heureux si tu n'as plus rien à toi ! Tu le seras encore si tu acceptes, à cause de ton Seigneur, d'être méprisé, écrasé ! Certes, cela ne se fera pas sans larmes ni douleurs. Mais Ton Dieu gardera ton cœur dans la paix, et l'ouvrira au pardon et à la miséricorde. Personne ne pourra te ravir cette joie-là, la joie de Dieu ! Oui, bienheureux es-tu alors !
P. Jean-Marie