4° Dimanche de l'Avent (B) Lc 1, 26-38
Car rien n'est impossible à Dieu, même de passer sans transition de la conception à la naissance. En cette veille de la Nativité de Jésus, voilà que nous écoutons l'évangile de l'Annonciation, déjà lu mercredi dernier, déjà lu ce mois-ci le 8 décembre, et plus tôt encore, le 25 mars. Et par un hasard du calendrier liturgique plaçant Noël immédiatement après ce 4e dimanche de l'Avent, sans grande transition, l'on entend donc parler de la conception de Jésus puis, quelques heures après, dans la nuit, de sa naissance.
Au delà de l'évidence d'une conception précédant une naissance, peut-être devrions-nous mieux comprendre que pour naître au cœur de nos vies, ce Dieu vivant qui ne sait pas quoi inventer pour nous rejoindre, a besoin d'y être conçu en quelque sorte par toute une préparation, une conversion. En effet, pour l'accueillir vraiment, encore faut-il le désirer, encore faut-il que sa Parole commence par trouver quelques prises en nos cœurs, que le grain de sa Parole trouve quel qu'endroit propice pour germer, comme ce fut le cas pour le petit Samuel sachant écouter son Seigneur et y être attentif. Oui, le laisser naître en nos cœurs n'ira pas sans un préalable travail de conversion qui pourra être tumultueux mais pas impossible car nous dit bien l'évangile de ce jour, rien n'est impossible à Dieu. Oui rien n'est impossible à Dieu pour nous rejoindre en notre humanité créée et voulue à son image, pour nous rejoindre en chacune de nos existences comme Il l'a fait déjà par la discrète et intense incarnation du Verbe en Marie. Oui, rien n'est impossible à Dieu pour nous retrouver en cette humaine condition qu'Il a tant aimé au point comme le dit saint Irénée de Lyon que « le Verbe de Dieu s'est fait Fils de l'homme pour habituer l'homme à recevoir Dieu et pour habituer Dieu à habiter dans l'homme » et à susciter en l'homme d'inattendues germinations, comme Il le fit avec Marie. Car rien n'est impossible à Dieu pour faire germer la vie dans chacune de nos existences, aussi difficiles soit-elles. Oui, pour nous, cette veille de Noël pourrait bien être une invitation à porter un autre regard sur Dieu pour qui rien n'est impossible dans les humains possibles de nos vies grâce au Fils qui nous rejoint dans la chair, grâce au Père de toute miséricorde, de tout amour dans la justesse, dans la justice. Invitation à ne jamais désespérer du lent et patient travail de l'Esprit dans nos vies, à espérer contre toute espérance en ce Dieu vivant et trinitaire qui, comme le disait un jour le père Christian de Chergé, ne désespérera jamais de nous ! Invitation pour ce temps de Noël qui va commencer à accueillir dans nos existences un germe de salut qui pourra être aussi singulier que l'humilité de ce Fils du Dieu vivant né de Marie Immaculée qui a su dire oui. Car rien n'est impossible à ce Dieu tout puissant mais seulement en amour qui sait nous rejoindre d'en bas, de notre pâte humaine aussi blessée soit-elle, à ce Dieu humble qui, dans un paradoxe évoqué par Paul dans la lettre aux Romains nous rend finalement forts, non selon le monde mais bien selon l'Évangile et le bienveillant dessein divin « pour que ce mystère, écrit Paul, soit porté à la connaissance de toutes les nations », pour que la porte du Royaume de vie éternelle soient ouverte à tous sans exception, car « rien n'est impossible à Dieu »… pas même la paix !
frère Philippe-Joseph