Veillée Pascale (C) Lc 24, 1-12

C'est le premier jour de la semaine, à la pointe de l'aurore, nous dit le texte, que les femmes vont au tombeau, et s'aperçoivent que la pierre a été déplacée… Et nous, si nous veillons dans la nuit de Pâques, c'est parce qu'une discrète lumière brille déjà au milieu de nous, comme la « pointe de l'aurore » du Jour nouveau. Cette lumière du cierge pascal, qui symbolise la Résurrection du Christ, nous l'avons amenée progressivement dans le cloître et dans l'église, et elle s'est communiquée à chacun de nous, illuminant notre visage de sa clarté. Après la nuit et le silence du Sabbat, vient la lumière et la parole du huitième jour qui fait écho au premier Jour, celui de la création. Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.

Nous voyons que la lumière de la Résurrection, comme lors de la création du monde, cette lumière se communique de proche en proche. Dieu prend le temps pour créer, mais aussi pour nous sauver. Et il nous faut bien ce temps… pour croire, pour nous laisser aimer. Comme les apôtres, qui ne veulent pas croire aux propos des femmes, nous avons besoin de voir par nous-mêmes, et même de toucher – comme saint Thomas – pour adhérer à la foi. C'est aux femmes, qui prennent soin du corps de Jésus en apportant des aromates, qu'est annoncé en premier la Résurrection. Il nous faut imiter ce soin, cette attention, pour pouvoir être vraiment « à la pointe », comme l'aurore, être premiers témoins du Christ, aux premières loges. Les femmes nous aident à voir ce qui est encore caché, occulté. Elles voient derrière les apparences, avec une intuition redoutable. Derrière leurs propos, considérés comme « délirants » par les hommes, se cachent une vérité surgie du néant. Un tombeau vide, comme le ventre d'une femme qui vient d'accoucher. Si c'est vide, c'est bien parce qu'il y a du nouveau, de la vie. Un nouvel être est apparu, après avoir passé trois jours, comme le prophète Jonas, dans le ventre de la baleine. Ce nouvel Homme, c'est Jésus ressuscité, qui a émergé des enfers, des profondeurs extrêmes de la mort. Il est là, dans le jardin des origines, encore un peu loin ; il marche vers nous. Il nous faudra du temps pour le voir en chair et en os, pour pouvoir le toucher, le reconnaître. Viens, Seigneur Jésus, et fais-nous le don de croire en ta Résurrection, pour que nous ayons la vie éternelle, avec toi. Amen. 

Fr. Columba