4° Dimanche de Pâques (C) Jn 10, 27-30

Croire que Jésus est ressuscité. Croire qu'il est le Christ, vainqueur de la mort. Croire qu'il est le Vivant au milieu de nous. Croire qu'il est présent au plus intime de notre cœur, plus intime à notre propre cœur que nous-mêmes, caché au plus secret, c'est entendre sa voix qui retentit dans notre nuit, c'est écouter sa parole qui fait la lumière dans nos ténèbres. Croire pour entendre la voix de Jésus, c'est faire lever l'Étoile du matin dans notre monde et lui annoncer le jour de Dieu et son avènement.

Jésus le Christ est la voix qui nous appelle à le garder dans la foi, à l'attendre dans l'espérance, à le recevoir dans l'amour. Il est ce cri de victoire, ce cri glorieux qui retentit par delà nos abîmes, nos peurs, nos joies, nos peines. Il est ce cri de vie qui foudroie le bois du supplice et nous entraîne avec lui vers le Père et son royaume.

Mais son cri de victoire n'éclate pas à la manière du monde avec cors, cymbales et trompettes. Non, il retentit de l'intérieur de nos vies, de nos existences parfois chahutées, blessées.  Jésus est ce cri du Vivant, ce cri de Dieu qui passe, dépasse, transfigure la vie de tous les vivants d'hier, d'aujourd'hui, de demain. Il est ce cri qui pulvérise notre temps, notre espace, si intense qu'il fragmente toutes les chaînes de notre humanité assoiffée de justice, affamée de paix, languissante de bonté et de tendresse. Il est la voix puissante qui retentira au dernier jour sur chaque ressuscité.

Il fait plus jour lorsque la voix familière d'un ami retentit dans notre nuit. Il fait plus clair lorsque les mots de Dieu se font entendre sur notre chemin de conversion pour flécher notre traversée vers son royaume.

Cette voix n'est jamais lointaine, jamais étrangère car elle demeure et habite dans notre cœur. Elle sait se faire entendre au détour des Écritures, d'une lecture spirituelle, d'une rencontre, d'un évènement, d'une méditation. Elle se diffuse à travers les vivants que nous sommes et se communique les uns aux autres, amenant chacun à prendre un jour une orientation nouvelle. Cette voix ne peut pas être étouffée. Elle fait sauter les verrous et se joue de nos refus. Car c'est la voix divine qui proclame son amour à notre humanité souffrante. Elle déborde de l'Église. Elle fait vibrer la parole des saints et l'habite.

Étranger à la foi chrétienne, non baptisé, celui qui a été reconnu miraculé par l'intercession de Charles de Foucauld aura dans la bouche au moment de son grave accident des paroles de la prière de Charles de Foucauld dont il ne savait rien.

Mystère d'une voix qui court le monde, le soutient, le pénètre. Mystère d'une voix à l'affût des cœurs désireux de vibrer à son souffle. Mystère d'une présence, qui dépasse nos catégories, renverse nos cases, déchire nos étiquettes, défait nos raisonnements. Voix du Seigneur qui se rappelle constamment à notre monde pour nous dire qu'il est plus proche que jamais, qu'il infuse toute réalité et nous connaît parce qu'il nous aime. Sa connaissance est celle d'un amour qui nous fait naître avec lui dans sa résurrection.

Frères et sœurs, un mot entendu un jour, une remarque inattendue, un encouragement chaleureux, une interrogation soudaine et c'est un nouveau départ, une nouvelle naissance pour suivre la voix de celui qui appelle. C'est le regard qui s'illumine, le cœur qui se dilate. Tout se renouvelle, tout devient possible pour suivre un chemin de paix, un chemin de vérité, un chemin de vie pour aimer celui qui nous connaît et se mettre en route à sa suite.

Frères et sœurs, puissions-nous être toujours fidèle à croire pour entendre la voix de Jésus, l'entendre pour répondre à son appel et le suivre, et toujours le suivre pour mieux le connaître et l'aimer chaque jour davantage jusqu'à notre dernier souffle. Amen.

fr. Nathanaël