3° Dimanche de Pâques (C) Jn 21, 1-19

Chers frères et sœurs,

Mercredi prochain, le 7 mai, s'ouvrira au Vatican le conclave qui élira un successeur au pape François. La Parole de Dieu de ce dimanche nous recentre sur la mission de l'Église, la mission du pape comme berger, pasteur de l'Église universelle, et donc sur notre mission de chrétiens. Et pour cela, la Parole nous montre le passage à faire, la « pâque » à vivre, jamais totalement vécue et accomplie ici-bas,… passage de la nuit à la lumière, de l'aveuglement à la vision,  du non savoir à la reconnaissance, du doute à la foi  en Jésus ressuscité, le Vivant. Nous venons de l'entendre, en effet : «  Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui… » et un peu plus loin : «  Aucun des disciples n'osait lui dire « qui es-tu ? ». Ils savaient que c'était le Seigneur. »

Voilà donc le passage essentiel, la « pâque » à vivre pour les disciples et pour chacun et chacune d'entre nous. Voyons ce que donne ce passage : dans la première lecture, Pierre et les apôtres, mis en jugement, l'affirment devant le grand prêtre qui leur interdit de prêcher le nom de Jésus : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes… Dieu a ressuscité Jésus… c'est Lui le Sauveur… Nous sommes les témoins de tout cela, nous et l'Esprit Saint que Dieu donne à ceux qui lui obéissent. » Et dans la deuxième lecture de l'Apocalypse, c'est ce passage du doute à la foi qui permet à l'apôtre Jean d'annoncer Jésus ressuscité comme « l'Agneau immolé, digne de recevoir puissance, sagesse, honneur, gloire et louange… », ce Christ, Agneau immolé qui nous invite à sa table, en cette eucharistie,  pour nous faire communier à sa vie.

Alors comment faire, vivre ce passage ? Notre évangile nous le dit.

D'abord regarder devant nous, pas en arrière. Pierre et quelques disciples retournent à leurs filets, qu'ils ont pourtant laissés pour suivre Jésus. « Pierre dit : Je vais à la pêche… ils lui disent : Nous allons avec toi… » C'est un retour en arrière et cela ne donne rien : « Cette nuit-là ils ne prirent rien… » Jésus souligne ce « rien » : « Les enfants auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils répondent : « Non ! rien. » Passer de la nuit du doute à la lumière de la foi c'est toujours regarder en avant, vers l'avenir, vers le Seigneur qui vient à notre rencontre pour nous donner la Vie, et la vie en abondance : « Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez. »… Et ils n'arrivaient plus à tirer la barque remplie de poissons… Devant il y a le Seigneur : « C'est le Seigneur », dit le disciple que Jésus aimait.

Vivre ce passage, cette « pâque », c'est aussi comprendre que, dans la mission, l'initiative revient toujours au Seigneur. Il est « l'initiative de nos initiatives… » «  Une fois descendus à terre, les disciples « aperçoivent disposé là un feu de braise avec du poisson posé dessus » Jésus le Seigneur a l'initiative, mais il a besoin de notre collaboration : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre… » Et Pierre tire le filet… Il faut se fatiguer au service du Seigneur, de la mission qu'Il confie à son Église, à nous…

Vivre ce passage, cette « pâque », c'est surtout et toujours, pour Pierre, comme pour chacun et chacune de nous, comprendre que Jésus nous appelle à un amour de plus en plus grand qui nous attache à Lui, et cela à partir de notre indigence, de notre manque d'amour qui est notre misère. C'est près d'un feu de braise que Jésus demande par trois fois à Pierre « M'aimes-tu ? ».  Ce feu de braise en rappelle un autre à Pierre : celui de la cour du grand prêtre pendant la Passion, quand Pierre se chauffait et qu'il renia son maître par trois fois. Ce reniement est l'indigence d'amour de Pierre, comme nos manques d'amour révèlent notre indigence, notre misère. En demandant 3 fois à Pierre : « M'aimes-tu ? », Jésus lui rappelle son indigence et, en même temps, lui manifeste qu'elle n'est pas un obstacle, mais un appel à comprendre plus profondément qu'il ne peut aimer son maître qu'en se sachant pauvre devant lui et en s'abandonnant à la gratuité infinie de sa miséricorde… cet abandon que le grand âge peut aider à comprendre. Jésus dit à Pierre : « Amen, Amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même et tu allais où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains et c'est un autre qui te mettra ta ceinture… Suis-moi… »

Chers frères et sœurs, cet appel est pour chacun d'entre nous si nous  nous disons chrétien : Suis-moi sans regarder en arrière, en reconnaissant que le Seigneur est « l'initiative de nos initiatives », en mendiant la grâce d'un amour plus profond et plus grand, qui s'abandonne jusqu'au bout ; et demandons à l'Esprit Saint cette même grâce pour celui que les cardinaux réunis en conclave éliront, dans quelques jours, comme berger et pasteur de l'Église universelle. Amen !

P. André-Jean