Nativité du Seigneur (Nuit) Lc 2, 1-14
Chers frères et sœurs, il y a quelques jours, nous avons célébré – et j'ai eu l'immense privilège de pouvoir être sur place avec un frère de la communauté – une liturgie finalement assez rare : celle de la consécration d'un autel d'église, que le monde entier a pu suivre. Il s'agit bien sûr de celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui avait été détruit lors de l'incendie de 2019. Un nouvel autel - en bronze - a été consacré, dans lequel des reliques de saints ont été déposées, comme le veut la tradition. Cette liturgie, si vous ne l'avez pas remarqué, est semblable à un enfantement. Elle trouve son analogie avec le rite du baptême, qui est une nouvelle naissance. Dans cette cathédrale, qui a surgi de ses cendres, Notre-Dame, la Vierge Marie, a donné la vie à son fils premier-né, le Christ, qui est figuré par l'autel. Nous avons là toute la symbolique de Noël liée à la fête de Pâques : mort et résurrection, naissance et renaissance.
Que s'est-il passé lors cette liturgie de consécration de l'autel ? Nous avons eu toutes les étapes du baptême, qui introduit et fait naître à la vie chrétienne : l'aspersion, l'onction, l'illumination et la remise du vêtement blanc. On peut aussi y discerner les gestes de tendresse d'une mère pour son enfant : elle le lave et le nettoie juste après sa naissance, le frotte d'huile parfumée, puis l'habille. C'est ce que fait Marie pour Jésus dans la crèche. Après l'avoir mis au monde, elle l'enveloppe de langes, et le couche dans une mangeoire. Avec Joseph et les bergers, elle fait l'expérience de la joie de la naissance de son fils. Et nous aussi, nous avons été dans la joie, en voyant cette cathédrale dans toute sa splendeur, comme si elle naissait sous nos yeux, grâce au talent indescriptible des artisans, et au courage des pompiers.
La naissance de Jésus nous donne de la joie, car il est venu dans nos ténèbres, comme dans la noirceur de cette cathédrale incendiée. Il nous rejoint au cœur de nos souffrances, de nos délabrements, de nos toitures béantes exposées aux intempéries. Quand tout est cassé à l'intérieur de nos cœurs, il prend le temps de nettoyer et de rebâtir, pierre après pierre, avec une patience et un amour infini. Il redonne à chacune de ces pierres sa couleur blanche immaculée. Les peintures et les vitraux qui racontent l'histoire de nos vies, il les fait resplendir à nouveau, dans une lumière parfaite. Il réveille la voix de tous nos harmoniques perdus.
Frères et sœurs, faisons comme Marie et comme les artisans de Notre-Dame : prêtons attention à ce qui est fragile dans nos vies et celle de nos proches. Nous avons tous des failles, des plaies béantes qui ont besoin d'être refermées. Jésus, en venant dans notre chair, prend sur lui les péchés du monde. Il désire que nous prenions soin de lui et de tout être blessé. Si nous sommes capables de faire des prouesses en matière de restauration d'une cathédrale, nous avons aussi la capacité de nous aimer et de nous servir les uns les autres dans une recherche commune d'unité et d'harmonie. Celle-ci est source de vie, de fécondité et de joie. Elle donne naissance à un nouvel être, un nouveau monde. En la personne de son Fils, Dieu nous fait accéder à lui-même. Réjouissons-nous de cette bonne nouvelle ! Joyeux et saint Noël à vous. Amen.
Fr. Columba