16° Dimanche du TO*B Mc 6, 30-34
Le repos. C'est ce que nous cherchons désespérément, fatigués que nous sommes et constamment sollicités par nos proches, nos collègues de travail, nos frères de communauté. Même les retraités, et même les moines sont débordés ! Tout le monde court dans tous les sens, y compris sur la route des vacances. L'activisme : c'est le mal de notre siècle, soumis à une accélération sans précédent qui nous épuise. Nous avons de plus en plus de temps, grâce aux nouvelles technologies qui nous facilitent l'existence, et pourtant nous vivons une sorte d'insatisfaction permanente, du fait des sollicitations infinies qui nous sont offertes chaque jour. Les journées devraient faire 50 heures pour nous permettre de faire tout ce que nous voudrions ! Mais voilà : notre corps ne suit pas la cadence de notre esprit. Il nous faut mettre une limite à nos activités, et surtout, retrouver du sens et du souffle à ce que nous faisons de manière mécanique et désincarnée.
En réalité, le manque de temps a toujours existé. La preuve : dans notre évangile d'aujourd'hui, les disciples reviennent de mission et Jésus leur propose de se mettre à l'écart pour se reposer un peu dans un endroit désert, car la foule qui veut les voir est très nombreuse, et les disciples n'ont même pas le temps de manger. La suite du texte nous dit qu'ils sont finalement rejoints par la foule. Une foule fatiguée, elle aussi, et Jésus se prend de compassion pour elle, car ces gens sont comme des brebis sans berger. Il ont faim des paroles de Jésus, et celui-ci se met à les enseigner longuement.
La première lecture tirée du prophète Jérémie nous rapporte le fait que les pasteurs, les rois de cette époque, n'avaient pas d'égards pour les brebis, c'est-à-dire les petites gens du peuple d'Israël. Ils les laissent dispersés, et ne s'en occupent pas. Jésus, lui, est le vrai berger qui prend soin de son troupeau, et qui ne permet pas que les brebis restent fatiguées et rejetées. Il veut l'unité de son troupeau, et il rassemble tous ceux qui aspirent à plus d'équité. Le prophète Jérémie annonce que Dieu suscitera un Germe juste, qui exercera le droit et la justice. C'est ce que fait Jésus pour son peuple et pour toute l'humanité dispersée. Lui qui est la paix, il réalise l'unité du genre humain en un seul peuple. Des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité, dit saint Paul. Il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine. (…) Il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix. Tous ceux qui étaient loin, dispersés, il les a rendus proches en lui, et les a fait accéder auprès du Père.
Frères et sœurs, cette dispersion, ne la ressentons-nous pas en nous-mêmes, quand nous sommes fatigués, épuisés ? Ne la voyons-nous pas à l'œuvre dans notre monde divisé, dans notre pays qui n'arrive pas à s'entendre pour former un gouvernement ? L'épuisement de la société est la somme de toutes nos fatigues et torpeurs qui nous empêchent d'avancer. Jésus les prend sur lui avec compassion, et il donne la paix. Si nos contemporains sont si inquiets, c'est parce qu'ils ont perdu le sens des choses et de la vie, et la dimension transcendante de la religion. Nous-mêmes en tant que croyants, nous ne sommes pas indemnes de cette inquiétude, quand nous sommes accaparés par les multiples occupations.
Le seul qui puisse nous donner le vrai repos, c'est le Christ, sur qui nous pouvons nous appuyer, et qui porte notre fardeau. En réalité, nous trouvons le repos quand nous portons le sien, qui est léger. Ce joug qu'il nous propose de prendre, c'est sa Parole, son enseignement, c'est-à-dire toute sa vie, puisqu'il est lui-même la Parole de Vie. Prenez sur vous mon joug, mettez-vous à mon école. C'est ainsi qu'il nous instruit et nous recrée, en se donnant lui-même à nous, comme il l'a fait pour la foule épuisée. Car Jésus sait bien que la vraie fatigue est d'abord spirituelle et intérieure. Elle se manifeste lorsque nous ne trouvons plus de sens à notre vie, et que nous cherchons un appui solide, une stabilité. En définitive, il n'y a que lui qui puisse nous offrir cette force intérieure, et cela passe par l'écoute de sa Parole dans les Écritures, dans la participation aux sacrements de l'Église en laquelle il continue de se donner à nous.
Puisons à cette source. C'est ainsi que nous pourrons porter du fruit, comme les brebis fécondes que le Seigneur conduit et rassemble dans l'unité. Des brebis qui ne manquent de rien, et qui se multiplient car elles sont en sécurité avec leur berger. Nous n'avons rien à craindre, car même si nous traversons les ravins de la mort, le Christ est avec nous et il nous mène vers la Vie. Reposons-nous en lui. Recevons son Corps et son Sang qui représentent la nourriture essentielle de notre existence. Amen.
Fr. Columba