La Sainte Famille Lc 2, 22-40
Si cet enfant Jésus naît d'une femme pure de tout péché, elle-même immaculée dans sa conception comme nous le croyons, si cet enfant est le Fils de Dieu descendu du ciel, s'il est le Verbe qui est dans le sein du Père, le sanctuaire véritable, pourquoi alors le présenter au Temple ? Le Fils a-t-il besoin d'être présenté au Père ? Non.
Seulement, cet enfant Jésus engendré du Père qui a pris chair de notre humanité dans le sein de Marie ne vient ni pour lui ni pour Dieu mais pour les hommes d'Israël et pour les hommes des nations, pour nous.
À partir du moment où le Christ s'inscrit dans la génération des hommes, il se soumet bien évidemment aux lois biologiques de leur nature mais aussi à leurs lois cultuelles, religieuses, institutionnelles, en l'occurrence puisqu'il a choisi le peuple d'Israël pour manifester sa gloire, il suit la loi et les coutumes religieuses de ce peuple.
Son incarnation révèle que l'accomplissement de la promesse passe par l'accomplissement de la Loi soumise à la reconnaissance des hommes. Seul le Fils est digne du Père, seul le Fils est offrande sainte. Mystère de l'Amour où Dieu s'abaisse pour offrir l'humanité sainte et intègre de son Fils à l'homme déchu du temple en prenant sa nature et par là-même le rend capable désormais de devenir à son tour offrande sainte et d'être présenté debout et relevé devant le Seigneur, d'être temple vivant du Seigneur avec le Seigneur lui-même. Car c'est bien cela qui se passe lorsque nous communions.
Anne la prophétesse par sa foi et son espérance porte en elle le germe qui dépasse son veuvage et abolit sa vieillesse. Ce germe, c'est l'enfant Jésus dont elle parle et qu'elle a reconnu. Sa foi et son espérance en lui font demeurer en elle le germe de l'Amour et le germe de l'Amour lui offre alors toute fécondité et toute jeunesse, celles du salut et de la vie éternelle.
Et avec elle, nous aussi, nous portons ce germe. Nous portons l'enfant Jésus par notre désir de le reconnaître, par notre désir de l'attendre, par notre désir de lui ouvrir notre cœur pour qu'il y demeure par son Esprit et le change en sanctuaire de la grâce du Père.
Tout enfant nouveau-né est une promesse dans une famille. Et Jésus l'est de façon éminente et définitive avec la Saint Famille. Tout enfant est l'ouverture de tous les possibles et de tous les horizons. Il n'est pas d'enfant nouveau-né qui ne puisse faire naître avec lui quelque part des rêves de meilleur, de plus grand, de plus beau. Bien des enfants nés dans des circonstances dramatiques et douloureuses ont trouvé un chemin d'accomplissement, rendant par leur courage, leur combativité et leur bonté foncière l'humanité meilleure, lui donnant une part qu'elle aura été incapable pour certains de leur donner au départ.
Toute naissance humaine est une promesse que la vie l'emporte sur la mort, que l'horizon reste ouvert au-delà des menaces, des peurs et des angoisses. L'enfant-Jésus en témoigne pour nous. Sa passion n' a pas été son dernier mot, ses souffrances n'ont pas été la fin. Sa mort et sa crucifixion n'ont pas été le point final de son existence, mais le sceau de sa victoire sur les ténèbres par sa Résurrection d'entre les morts. Voilà pourquoi tout enfant est une promesse de victoire sur les ténèbres qu'il nous faut accueillir comme un don de Dieu.
À l'heure des massacres, des tueries, des guerres qui n'en finissent pas à travers le monde et dont les enfants et les familles sont les premières victimes, nous ne pouvons pas regarder le Crucifié sans espérer que cela cesse un jour, sans espérer son avènement, sans attendre le jour de Dieu et la révélation des enfants de Dieu, la révélation de la sainte famille de notre humanité commune promise à la paix, à la justice, à la joie, à la vie divine. Amen.
Fr. Nathanaël