Dédicace Lc 19, 1-10
Ez 47,1-12 ; Ac 7,44-50 ; Lc 19,1-10
Frères et sœurs, comme je le disais en ouverture de cette célébration, nous avons besoin d'un lieu pour accueillir et pour offrir l'hospitalité de la prière. C'est le rôle de cette église, et de tous les bâtiments construits pour rassembler les croyants qui célèbrent la liturgie et qui prient chacun personnellement dans le silence de leur cœur. En fait, c'est d'abord nous qui sommes accueillis et reçus par Dieu.
Zachée ne peut recevoir Jésus dans sa maison que parce que celui-ci l'a remarqué en premier et lui a prêté attention. Dieu n'est pas isolé ni solitaire ; s'il nous reçoit en lui, c'est parce qu'il est lui-même espace de rencontre entre trois personnes divines. Sans le mystère de la Trinité, il ne pourrait pas y avoir cette possibilité d'accueil. Les trois voyageurs reçus par Abraham au chêne de Mambré sont des messagers, des anges, et ils représentent la Trinité, comme le montre l'icône de Roublev. La construction, l'espace commence lorsqu'il y a trois dimensions. D'abord trois piquets pour faire tenir une tente, celle de la « rencontre » avec Dieu. Ensuite, on bâtit une maison, un temple avec une longueur, une largeur et une hauteur. Saint Paul dit cela quand il s'adresse aux Éphésiens : Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l'amour, établis dans l'amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l'amour du Christ. La destination d'un édifice de pierre est de pouvoir contenir la présence même de Dieu, l'Esprit Saint qui nous fait accéder à cet amour de Dieu.
Aujourd'hui, le pape François a choisi de venir à Marseille, cette terre d'hospitalité pour beaucoup d'étrangers venant de l'autre côté de la Méditerranée. Accueil qui n'est pas sans difficultés, quand on pense au fléau de la pauvreté et du trafic de drogues, par exemple, qui font des victimes parmi les jeunes. Depuis toujours, recevoir l'étranger dans sa maison, c'est toujours prendre un risque, et s'exposer à une forme d'insécurité. Zachée, en recevant Jésus, prend lui aussi un risque. Celui de voir salir la réputation de son hôte qui vient manger chez un pécheur, chef des collecteurs d'impôts.
La Méditerranée est un carrefour de cultures, depuis l'Antiquité. Dans le monde, c'est la seule mer intérieure qui soit à la jonction de trois continents, l'Europe, l'Afrique et l'Asie. Elle est une zone de frontière. La fonction d'une église devrait être la même : être un lieu de rassemblement des périphéries, de rencontre pour tous les peuples, pour toutes les catégories sociales, ethniques, politiques. Une rencontre de toutes les diversités, comme les pierres différentes d'une église qui forment un ensemble harmonieux. Dieu est venu pour rassembler l'humanité, pour le monde entier et non pour un petit groupe d'élus bien installés dans un confort égoïste. C'est en s'ouvrant au monde que l'Église trouve sa propre identité et qu'elle peut témoigner de ce qu'elle est. Dieu confie à son Église – c'est-à-dire à nous-mêmes – la mission d'être, comme lui, un « espace de rencontre » pour le monde. Un espace dans lequel l'Esprit est présent, lui qui fait la paix et la fraternité. Comme un refuge de montagne pour reprendre des forces quand la tempête de la guerre et de la violence souffle sur le monde. C'est en apprenant à vivre ensemble dans cette maison de paix que nous pourrons devenir vraiment des frères, des fils de Dieu.
Pour parler de notre terre, le pape François prend l'image de la « maison commune ». Nos églises devraient être aussi des maisons communes, des lieux où chacun peut être accueilli avec sa différence. Puisque l'individualisme et le repli dominent dans notre société, il nous faut témoigner que la rencontre et le dialogue sont possibles, en mettant en commun nos diversités. C'est un peu le miracle qui est en train de se passer pour la cathédrale Notre-Dame de Paris. Comme la terre qui brûle à cause du réchauffement climatique, cette église a pris feu et s'est embrasée. Aujourd'hui, tous les corps de métiers collaborent à sa restauration, se mettent ensemble pour la relever de ses cendres et lui redonner une beauté encore plus grande. C'est bien la preuve que nous avons cette capacité qui vient de Dieu de promouvoir la vie, et de donner du sens à l'existence. Prions le Seigneur de faire de nous des pierres vivantes de son Église, unis par la charité et dociles à l'Esprit Saint qui renouvelle toute chose sur la terre. Amen.
fr. Columba