1° Dimanche de l'Avent (B) Mc 13, 33-37
Pour nous préparer à Noël et commencer cette nouvelle année liturgique, Jésus nous donne deux consignes : d'une part : « Prenez garde », que l'on traduit aussi par « Faites attention » et d'autre part : « Veillez », et il nous en donne la raison : « car vous ne savez pas quand ce sera le moment ». Nous ignorons donc « le moment ».
Quel moment ? Jésus le précise : celui où « le Maître de la maison – c'est Lui, bien sûr – vient, arrive vers nous… » Dans cet Évangile le verbe est au présent : le moment où Jésus vient, arrive, se rend présent…
Ce moment, chaque eucharistie l'évoque, quand après la consécration, nous disons ou chantons : « Nous attendons ta venue dans la gloire… » à la fin de l'histoire humaine…
Ce moment est aussi celui de notre mort, comme pour notre frère Paul Marie cette semaine, ce moment où Jésus vient nous prendre avec Lui…
Mais attention à ne pas imaginer ce moment seulement comme un futur, un moment à venir…
Ce moment est le moment présent de notre histoire personnelle comme de l'histoire de l'humanité, ce moment où Jésus vient et nous invite à être attentif, à veiller.
Est ce que nous nous interrogeons sur le moment présent de l'histoire de l'humanité, de notre histoire personnelle, comme le fait le prophète Isaïe dans la première lecture : « Pourquoi Seigneur nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s'endurcir ?… » Dans ce moment présent, cet aujourd'hui tragique de la guerre en Ukraine, au Proche Orient entre Israël et les Palestiniens, j'entends, pour ma part, le cri de cet homme qui a vu les siens massacrés par le Hamas le 7 octobre : « Après ça je ne peux plus croire en l'homme », dit-il, ou encore le cri de cette maman palestinienne qui a perdu son mari et ses enfants dans un bombardement israélien : « Mais où est l'homme aujourd'hui ? Où est Dieu ? » Ces interrogations rejoignent celles d'Isaïe… Sont-elles aussi les nôtres en ce début d'Avent ? : « Où est l'homme aujourd'hui ? » ; Question éternelle que Dieu lui-même posa au début de l'histoire : « Adam, où es-tu ? » ; où va l'humanité en ce temps ?
Où est la réponse ? Quelle est la réponse de notre foi ? La deuxième lecture s'ouvre par ces mots : « Frères, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ… C'est Lui qui vous fera tenir jusqu'au bout… » À la folie de la violence, de la haine, de la guerre, la seule réponse est Jésus et son Évangile… Nous l'entendrons encore dans la nuit de Noël : Gloire à Dieu dans le ciel et paix sur la terre aux hommes qu'il aime… » L'ouvrage récent d'un criminologue s'intitule : « Au commencement était la guerre »… Quand je lis et relis le premier Testament, je trouve effectivement la guerre et la violence presque à toutes les pages … Dieu même se fait guerrier et décide la guerre…Que comprendre ? L'Écriture témoigne ainsi de la manière dont les hommes se sont représenté Dieu en projetant sur lui leur propre image et leur propre pensée : « Dieu a créé l'homme à son image et l'homme le lui a bien rendu… » a t'on écrit. Alors est venu le moment où Dieu se fait homme. Constatant notre manque d'intelligence, l'incompréhension humaine de ce qu'Il est : le Père plein d'amour et de miséricorde, Dieu décide de venir lui-même en Jésus, son Fils. J'entends Dieu – à qui « les bras lui en tombent – si vous me passez l'expression - se dire à lui-même : « Ils n' y comprendront donc jamais rien… Ils n'ont pas compris qui je suis… » C'est le constat que Dieu fait au début du livre d'Isaïe que nous entendrons en cet Avent (Is 1, 3) : « Mon peuple ne me connaît pas ; mon peuple ne comprend pas… » Alors il faut que j'y aille moi-même, vivre à leur place l'amour absolument gratuit, la miséricorde qui pardonne… Vivre à leur place « la grâce et la paix » qu'ils n'arriveront jamais à vivre parfaitement… », et c'est Noël : Jésus qui y est arrivé à notre place. Il ne nous est pas demandé, en effet, d'y arriver, mais d'essayer inlassablement ; Jésus seul y est arrivé à notre place, en notre nom ; c'est cela le salut …
Nous n'y arriverons jamais, effectivement. Il nous faut donc prendre le chemin de nous accrocher à Jésus, le chemin qu'est Jésus, Lui qui, par sa naissance, sa mort et sa résurrection, y est arrivé pour nous et à notre place. Avant Jésus, comme nous le rappelle Isaïe, prophète de l'Avent, (29, 10) : « Le livre est scellé » ; la compréhension est scellée. Seul l'Agneau immolé, comme le dit le livre de l'Apocalypse (5, 6-10), c'est à dire Jésus mort et ressuscité qui donne la vie de Dieu, Lui seul donne aussi la compréhension et le sens.
Alors, frères et sœurs, commencer, avec ce premier dimanche de l'Avent, une nouvelle année liturgique, c'est être attentif et veiller à la lumière de l'évangile de Jésus dans la prière et la charité : faire attention est l'attitude de l'esprit,, veiller est celle du cœur. L'esprit fait attention, l'amour veille sur comme la maman sur son petit enfant… L'amour ne surveille pas mais il veille sur… Que Jésus et son Évangile soient notre chemin tout au long de cet Avent et de cette nouvelle année liturgique et que nos cœurs et nos vies l'accueillent à quelque moment de sa venue, quand il frappe à notre porte. Amen !
P. André-Jean