L'Épiphanie du Seigneur Mt 2, 1-12

Troublé par la visite de ces étrangers et leur question imprévue, le roi Hérode convoque son conseil, les scribes et les prêtres qui connaissent les écritures. Il a raison, il veut savoir, tout savoir. Ces mages venus d'Orient lui racontent qu'ils ont vu et lu quelque chose dans le ciel. Piqué au vif, Hérode demande aux savants d'Israël : que lit-on dans nos écritures sacrées ? Les mages lisent dans le ciel, les scribes et les prêtres lisent dans les livres, les grimoires et la tradition. Deux lectures : nature et culture… où est le Roi des juifs qui vient de naître ?

Aujourd'hui, certains nous demandent : « Où donc est ce Jésus dont vous parlez ? Tout le monde le cherche ! Ne dites-vous pas qu'il est la sagesse et la puissance puisqu'il vient de Dieu ? Où sont donc la sagesse et la puissance dans votre Eglise ? chez vous chrétiens qui lisez la Bible et savez tant de choses sur le Christ ? Seriez-vous de ceux qui savent et ne font rien ? ou qui, croyant savoir, ne cherchent plus rien ? »

Cet épisode du début de la vie de Jésus nous renvoie à un épisode de la fin de la vie de Jésus. Trente-trois ans après, un nouvel Hérode, d'autres scribes et d'autres prêtres sont à nouveau troublés. Comme jadis à Bethléem, ils envoient une troupe au jardin des oliviers. Quand ils arrivent, Jésus leur demande : « qui cherchez-vous ? » Ils ont donc fini par le trouver. Enfin ils se saisissent de lui, lui l'Innocent ! Enfant, il leur a échappé, maintenant ils le tiennent ! Pour quoi faire ?

Mais, trois jours plus tard, le Jardinier pose la même question à Marie-Madeleine : « qui cherches-tu ? » et elle de répondre : « dis-moi où tu l'as mis et j'irai le prendre ! » Mais Jésus s'échappe à nouveau : « Ne me retiens pas ! »

Que cherchons-nous ? Qui cherchons-nous ? Cherchons-nous encore ? Ou bien sommes-nous des gens blasés, fatigués, engoncés dans notre savoir et qui ne savons plus lire ni dans le ciel, ni dans les livres ? Nous qui tenons nos bibles ou nos missels entre nos mains, est-ce une parole vivante et brûlante que nous lisons, ou est-ce une lettre froide et morte, ces « momies dans l'huile rance d'Egypte » dont parle Charles Péguy ?

Comme naguère les mages, le Seigneur nous fait signe en laissant dans la nature et dans les Ecritures des signes pour nous conduire jusqu'à lui et, l'ayant trouvé, l'adorer et lui offrir nos présents. Des présents royaux, parce que, pour Dieu, nous sommes des rois : il nous a fait rois ! Mais il nous donne comme modèle, le Roi des Rois, l'humble enfant de Bethléem. La nature nous fait signe, ne la tuons pas ! les Ecritures nous font signe, ne les momifions pas !

Approchons-nous de Jésus, non pas avec nos gros sabots du savoir, du pouvoir et de la richesse, mais pieds nus dans les vertes prairies parsemées de fleurs que Dieu a préparées pour notre contemplation et l'offrande de notre action de grâces. Comme saint François de Sales, composons chaque jour avec ces humbles fleurs notre bouquet spirituel que nous lui offrirons en joyeuse simplicité. Quelle merveille, quand nous nous retrouverons tous autour de lui, couronne de cœurs vivants, avec nos bouquets à la main.

Achevons notre méditation avec la prière de Saint Anselme : « Seigneur, apprenez-moi à vous chercher. Montrez-vous à mes regards qui vous cherchent, parce que je ne peux pas vous chercher si vous ne guidez pas mes pas, ni vous trouver si vous ne vous révélez pas à moi. Je dois vous chercher en vous désirant, je dois vous désirer en vous cherchant, je dois vous trouver en vous aimant, je dois vous aimer en vous trouvant. »

Fr. Pierre