8° Dimanche du TO*C Lc 6, 39-45

Jésus vient de nous adresser 4 courtes paraboles que St Luc a regroupées en une même page : le guide aveugle, le disciple et le maître, la paille et la poutre, l'arbre et les fruits. Derrière ces 4 images, nous pouvons dégager autant de qualités humaines et chrétiennes que Jésus nous recommande aujourd'hui. Nous pouvons y dégager le profil du disciple tel que Jésus l'entend : qu'il soit un homme ou une femme lucide, qu'il soit compétent, qu'il soit bienveillant, et enfin qu'il soit efficace. Regardons de plus près la bonne nouvelle de ce matin.

Tout d'abord, Jésus nous dit que nous ne pouvons pas nous improviser guide, ou architecte, ou médecin, ou agriculteur. Nous le savons bien : plus que jamais, aujourd'hui, on exige des hommes et des femmes lucides et expérimentés. Comment prétendre prendre une responsabilité sans connaissance de l'art nécessaire pour l'exercer heureusement : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans un trou ? »

Il ne s'agit pas pourtant d'attendre d'être parfait pour accepter de « guider » nos frères et sœurs dans la Foi. Qui d'entre nous oserait se présenter ainsi ? Pour accueillir ce service, Jésus nous indique aussi les conditions indispensables. Ecoutons-Le :

Le disciple n'est pas au-dessus du maitre ; mais celui qui est bien formé sera comme son maître. » Il y a déjà nombre d'années, après 68, on prônait beaucoup la non-directivité et l'absence d'enseignements magistraux. Il suffirait de mettre en commun les connaissances personnelles de chaque membre du groupe. On en est revenu suite aux résultats souvent catastrophiques d'une telle formation. Nous le savons bien, nous avons besoin de vrais maîtres, que ce soit au niveau des sciences ou des techniques, que ce soit pour tout ce qui concerne les arts et, à plus forte raison, des vérités de la Foi. Nous ne pouvons être chrétiens sans recevoir de Jésus Lui-même sa Bonne Nouvelle. C'est bien Lui notre Maître, plus encore, notre référence. Lui Seul voit vraiment clair et ceux qui ont été formés par Lui et qui Lui ressemble. Nous sommes tous appelés à devenir des hommes et des femmes « compétents »  - si je peux m'exprimer ainsi- en nous laissant former et façonner par Jésus, au jour le jour, dans une écoute et une méditation assidues de Sa Parole.

La troisième parabole, celle de « la paille et de la poutre », est devenue un proverbe courant. Nous retrouvons partout, sous une forme ou sous une autre, cette pensée que nous risquons toujours de voir très clairement les défauts des autres et de ne pas voir les nôtres. Il nous faut même reconnaître que nous avons tous tendance à grossir les défauts de nos voisins, de nos proches, et à diminuer ou excuser les nôtres.

Jésus nous invite à nous recevoir  comme des frères. Pour cela, la première condition exigée est d'être exigeant envers nous-mêmes, alors nous deviendrons bienveillants envers nos frères et sœurs. « Esprit faux ! Enlève d'abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'œil de ton frère. » Avant de vouloir changer les membres de notre famille, de notre communauté, il nous faut changer notre propre comportement. Je ne peux pas prétendre convertir les autres si, personnellement, je ne me convertis pas. Au lieu de condamner les abus, les défauts…, acceptons d'améliorer les situations, en commençant par notre propre cœur !

D'ailleurs, nous serons efficaces dans la mesure où notre comportement correspondra à nos paroles. On ne supporte plus du tout, aujourd'hui, les « baratins » théoriques, ou ce que l'on peut appeler le double langage : celui des discours et celui du comportement personnel ! Nous sommes jugés sur nos actes. Jésus nous le rappelle : « Ce ne sont pas ceux qui disent, mais ceux qui font… qui gagnent le Royaume. » Comment se dire chrétiens, comment se présenter comme moines, si toute notre vie traduit le contraire au regard de notre entourage ? Ce sont les fruits, dit Jésus, qui révèlent si l'arbre est bon ou mauvais. Ce sont les actes réels qui disent si nous croyons ou non, si nous aimons ou non, si nous espérons ou non…

Ce que je viens de dire, on pourrait encore le présenter autrement en le résumant en deux petites affirmations. Pour correspondre au portrait modèle du disciple de Jésus, il importe avant tout de changer notre regard, et donc, d'abord de changer notre cœur. Car, nous dit Jésus, c'est du cœur de l'homme que sortent le bon et le mauvais.

P. Jean-Marie