3° dimanche de l'Avent (A) Mt 11, 2-11

Frères et sœurs, dimanche dernier, nous étions déjà avec Jean le Baptiste. C'était avant la venue de Jésus, avant son baptême.

Et cela était bien légitime : le temps de l'Avent ne précède-t-il pas l'arrivée du Christ ?

Quoi de plus normal d'attendre Jésus avec celui qui a préparé sa venue.

Mais aujourd'hui, l'affaire est autre.

Nous retrouvons certes Jean le Baptiste, mais bien après le début de l'activité de Jésus.

En effet, le Baptiste est en prison tandis que Jésus est déjà connu dans tout le pays.

N'est-ce pas étonnant, un tel récit deux semaines avant Noël ! Nous attendrions un évangile du début, et nous sommes en plein milieu de la vie publique de Jésus.

Quel chemin d'Avent la liturgie veut-elle nous faire emprunter ?

Au moins trois éléments peuvent nous faire grandir aujourd'hui.

Dans cet évangile, trois points de conversion nous orientent vers Noël.

Remarquons d'abord que Jean le Baptiste est emprisonné.

Il est en train de vivre ce que Jésus lui-même subira plus tard. Le Baptiste ne s'est pas contenté d'annoncer Jésus par la parole, il l'annonce par sa vie.

Il n'est pas seulement précurseur par la parole.

Il l'est parce que, comme Jésus, avant Jésus, il a proclamé le Royaume, il a baptisé, il a été emprisonné.

Comme Jésus et avant lui, il sera exécuté de manière injuste par le tyran Hérode.

 

Frères et sœurs, notre chemin de l'Avent prend ici son premier virage. Préparer Noël, préparer la venue de Jésus, n'est-ce pas essayer de conformer notre vie à celui que nous attendons ?

Préparer Noël, ce n'est pas seulement attendre ou rêver. C'est vivre, aujourd'hui, dans notre chair, de la présence même de Jésus.

Première conversion :

ajuster notre vie à celle de Jésus.

Remarquons ensuite l'attitude de Jean le Baptiste vis-à-vis de ses disciples.

Ces derniers ne savent plus où donner de la tête.

En effet, leur maître est en prison et il les envoie à Jésus.

Il pourrait les garder pour qu'ils le réconfortent dans sa geôle.

Il préfère leur permettre de reconnaître que Jésus est vraiment le Sauveur. Donc il s'efface car c'est le seul moyen pour que ses disciples rencontrent le Christ.

Jean le Baptiste a dit ailleurs : il faut que Jésus grandisse et que moi, je diminue.

Frères et sœurs, nous prenons ici notre deuxième virage sur ce chemin de l'Avent.

Préparer Noël, n'est-ce pas faire taire notre ego.

Préparer Noël, n'est-ce pas arrêter de se mettre au centre pour pouvoir y placer Jésus le Christ.

Sinon, comment reconnaître le petit enfant de la crèche ? Certes, notre monde suscite des orgueilleux.

Et pourtant, il a besoin des humbles.

Telle est notre deuxième conversion :

        entrer dans l'humilité pour accueillir Jésus.

Remarquons enfin ce que dit Jésus du précurseur Jean le Baptiste :

«Parmi ceux qui sont nés d'une femme, personne ne s'est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui.»

Le Christ déclare que le Baptiste est le plus petit dans le royaume. Il est plus petit que tous les baptisés.

Il est plus petit que chacun de nous.

N'est-ce pas surprenant et même choquant 

Et pourtant cela est vrai !

Comme homme, Jean le Baptiste est plus grand que nous. Mais comme chrétiens, nous sommes plus grands que lui. Au cours de sa vie, lui n'a pas reçu la force, la grâce du Baptême.

 

Frères et sœurs, voici notre troisième virage sur le chemin de l'Avent.

Préparer Noël, n'est-ce pas prendre conscience de l'immense grandeur qu'apporte Celui qui vient ?

Préparer Noël, n'est-ce pas recevoir une dignité plus grande que nous ne pouvons l'imaginer ?

C'est entrer dans la grâce. C'est être grand. C'est être beau. C'est être relevé. C'est être aimé.

Voilà notre troisième conversion :

redécouvrir combien le Christ nous rend magnifique.

 

La semaine passée, nous avons célébré la Vierge, en son Immaculée Conception et nous sommes encore tout imprégnés de cette fête.

Marie est notre modèle pour avancer dans notre triple

conversion.

Qui mieux qu'elle a conformé sa vie à celle de Jésus ?

Qui mieux qu'elle fut une humble servante du Seigneur ? Qui comme elle est créature magnifique, préservée par la grâce ?

Comme disent les anciens, elle est l'étoile de l'Avent, resplendissante.

Frères et sœurs, qu'elle brille sur notre chemin vers Noël pour que nous avancions, humbles, dignes et confiants, jusqu'à l'enfant de la crèche.

Amen.

Fr. Benoît-Marie