13° Dimanche du TO*C Lc 9, 51-62

C'est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Liberté, c'est un mot cher aux français. Il faut être allé un peu à l'étranger pour s'apercevoir que la conception de la liberté n'est pas tout à fait la même partout et encore plus sa mise en œuvre… Mais, qu'est-ce que la liberté pour un français si nous réfléchissons un peu ? Oh, c'est 'tu as le droit de faire ce que tu veux', 'tu as le droit de penser ce que tu veux', à une seule condition : c'est que tu fasses comme moi et que tu penses comme moi ! Telle est bien la liberté telle que nous la pratiquons la plupart du temps en France.

Nous concevons la liberté comme quelque chose à conquérir, et cela c'est un reliquat d'adolescence, l'adolescent qui désire prendre sa place dans la société. Or, Jésus nous dit que la liberté n'est pas d'abord quelque chose qui se conquiert mais un don que l'on reçoit. Et Saint Paul, quand il parle de liberté, pense toujours, comme un bon juif, à la libération de l'esclavage d'Egypte, et il reprend, dans cette lettre aux Galates, le langage de l'Exode. En effet, que demande Moïse à Pharaon ? « Laisse partir le peuple pour qu'il arrive dans le désert, servir ».

Etre libre pour servir ! Cela peut paraitre vraiment contradictoire… Or, le peuple élu, même s'il ne l'a pas fait et s'est souvent rebellé, le peuple élu se considère comme celui qui est au service de Dieu, qui est même, le terme de la Bible est très fort, qui se pense comme le serviteur, comme l'esclave de Dieu. Et Jésus se présente comme le serviteur de Dieu, Celui qui va accomplir les prophéties du serviteur de Dieu selon le prophète Isaïe.

La liberté nous est donnée, donc, pour servir. D'ailleurs Saint Paul nous le dit : « toute la Loi est accomplie dans l'unique parole que voici : tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Aimer c'est un terme, aussi, très cher aux français… Mais qu'est-ce qu'aimer ? Aimer c'est se donner, c'est le chemin que nous montre Jésus, c'est comme la maman qui dit à son enfant qui est souffrant : « Je désire que tu vives, fusse au prix de ma vie ».

C'est ce que fait Dieu en Jésus : par Amour, pour que nous soyons vraiment libres, Il se donne entièrement, et Il abandonne tout ! C'est ce que Saint Paul nous dit dans la lettre aux Philippiens au chapitre 2 : « Il n'a pas retenu le rang qui l'égalait à Dieu, mais Il s'est anéanti ! ».

La voie de l'amour c'est d'abord une voie d'anéantissement mais pas un anéantissement pour la mort, un anéantissement pour la vie : « Je veux que tu vives ! ». Et, l'amour vrai, celui que nous sommes invités à vivre en communauté, à vivre entre époux, c'est celui-là : « Je te donne ma vie, je me donne à toi ! ». C'est en cela que le mariage est un sacrement.

N'hésitons pas à demander au Seigneur cette liberté d'aimer et, pour cela, d'être libérés de tous ces liens qui nous empêchent de répondre à son appel : « Suis-moi ! ». 'Suis-moi', c'est l'appel de Dieu pour que nous puissions vivre avec Lui, comme Lui, être libres comme Lui, aimer comme Lui ! C'est pour cela que, chaque dimanche, nous nous réunissons pour vivre pleinement, ensemble, de cette liberté que Dieu nous donne : l'accueillir, la faire fructifier, et ensuite recommencer, renouveler notre marche dans l'amour.

Fr. Pierre