Vendredi Saint Jn 18, 1 – 19, 42

Frères et sœurs, nos vies sont marquées par de différents combats, intérieurs ou extérieurs : combats contre nos fatigues, nos scrupules, nos sécheresses spirituelles. Nous pouvons lutter pour rester fidèles, pour aimer malgré tout. C'est un bon combat. Il y a aussi de mauvais combats, alimentés p.ex. par la jalousie, la haine, la méchanceté, la convoitise. Parfois, ce sont des paroles haineuses (p.ex. sur des réseaux sociaux), parfois la violence physique, parfois c'est la guerre. Le point commun de tous ces mauvais combats, c'est le sentiment que l'autre est un ennemi. Et il faut lutter contre lui, l'écraser, le faire disparaître.

Le récit de la Passion selon S. Jean, que nous venons d'entendre, nous montre Jésus qui ne lutte pas, qui ne se bat pas, qui ne se défend pas, qui ne résiste pas au mal en lui rendant coup pour coup. C'est peut-être cela le plus bouleversant de la Passion du Christ : ce silence, cette paix intérieure, cette absence de défense.

Pourquoi le Christ ne se défend pas ? Pourquoi Dieu ne lutte pas contre ceux qui luttent contre lui ? Parce qu'il n'a pas d'ennemis. Personne, rien, ne le menace. Le Christ est en paix, en sécurité intérieure, il est le Prince de la Paix. Il est libre. Il est libre de se laisser arrêter, condamner, trahir, crucifier, parce qu'il sait que son Royaume n'a pas d'opposant à sa mesure, que personne ne peut faire vaciller l'amour qu'Il est venu incarner, que le mal, aussi puissant qu'il soit, n'est pas son égal, que la haine, même brutale, n'atteint pas la profondeur de sa paix.

Dieu n'a pas d'ennemis. Le Christ n'a pas d'ennemis. Même face au rejet, face à la solitude, face à l'injustice la plus absolue, Jésus ne voit pas des ennemis. Il voit des visages à aimer. Il voit des hommes à sauver. Il voit des cœurs blessés, mais jamais perdus. C'est pour cela qu'il est Roi. Non pas parce qu'Il impose son pouvoir, mais parce que rien ne peut lui être enlevé. Parce qu'il règne depuis la croix, non pas malgré la croix.

Alors, frères et sœurs, en ce Vendredi Saint, regardons le Christ dans sa Passion, non pas comme un perdant, mais comme le seul vrai victorieux, le seul dont le trône est une croix, le seul qui aime jusqu'au bout, sans peur, sans haine, sans vengeance, sans défense. Le seul vrai Royaume, c'est celui où on n'a plus besoin de se défendre, parce qu'on y est aimé parfaitement. C'est dans ce Royaume que nous sommes invités. C'est ce Royaume que le Christ qui promet et nous donne.

f. Maximilien