Sainte Marie, Mère de Dieu (C) Lc 2, 16-21

Chers frères et sœurs, quand vous faites un cadeau à quelqu'un pour Noël, vous n'utilisez pas n'importe quelle matière pour l'emballer. Vous évitez autant que possible le sachet plastique ou le papier craft... Vous choisissez plutôt un papier adapté au cadeau, qui soit joli sans être tape-à-l'œil. Uni ou bariolé, cet emballage reflète déjà un peu ce qu'il contient. Vous pouvez aussi rajouter un ruban, ou quelque chose d'autre qui mette en valeur le papier. Mais une fois que le cadeau sera offert, la personne qui le reçoit va probablement jeter l'emballage. Il finira au tri sélectif, ou au mieux sera réutilisé pour une prochaine fois.

La relation entre Marie et Jésus, évidemment, n'a rien à voir avec ce rapport entre le papier d'emballage et le cadeau qu'il renferme. Il s'agit de deux êtres, une mère et son fils, et non de deux objets. Pourtant, cette analogie peut nous aider à comprendre le lien qui existe entre eux. Par sa beauté et sa simplicité, en même temps que son humilité, la Vierge nous prépare à recevoir avec plus de conscience la valeur et la richesse du Fils de Dieu. Cette mère porte le Christ en elle, et elle s'efface pour le mettre au monde, pour nous le donner comme un cadeau. Le plus beau cadeau que Dieu pouvait nous faire, de se révéler à nous dans la personne d'un enfant... Ajoutons aussi que Dieu ne délaisse pas Marie comme on jette un emballage. Il ne se sert pas d'elle comme d'un simple moyen, ou d'un instrument. Bien au contraire, il a un infini respect pour elle. Par l'archange Gabriel, Dieu vient se pencher sur elle avec humilité, attendant son « oui » qu'elle dira en toute liberté.

Aujourd'hui, en ce jour de l'An, beaucoup de symboles nous rassemblent autour de Marie. Noël, la Paix, la Lumière, les vœux que nous faisons ou que nous nous souhaitons les uns aux autres. En tant que Mère de Dieu, la Vierge sainte porte en elles tous ces symboles qui sont autant de composantes de la personne même du Christ, de Jésus-Yechoua', à qui ce nom est donné le jour de sa circoncision, et qui signifie « le Seigneur-sauve ». Elle renferme en elle toutes les espérances de l'humanité sauvée qui sont présentes dans son Fils, comme en germe. La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu nous bénit, dit le psaume. Le cadeau que Dieu avait préparé depuis des siècles, voici qu'il est enfin ouvert, dévoilé, révélé. La bénédiction qu'il avait promise à Abraham et aux patriarches, cette bénédiction est accomplie dans la venue du Fils de Dieu. Marie a « offert au genre humain les trésors du salut éternel », nous dit la prière d'ouverture de cette messe. Plus qu'un simple cadeau, le Christ est un trésor ; et un trésor au pluriel, puisque tous les prophètes ont parlé par lui. Les Écritures, comme Marie, contiennent ces multiples trésors de grâce qu'il nous offre. La Vierge est vraiment l'Arche d'Alliance qui contient les tables de la Loi. En elle, il n'y a rien d'autre que le Christ, qui les accomplit par sa vie. Nous aussi, nous avons cette vocation de porter le Seigneur. Mais bien souvent, malheureusement, nous sommes remplis de toutes sortes de choses futiles et encombrantes. Tout un fatras qui ressemble davantage à une étable qu'à une arche vide et vierge. Si seulement nous pouvions avoir uniquement le Fils de Dieu dans notre cœur ! Nous ne serions plus une maison de commerce, mais un temple digne de ce nom.

En ouvrant son cœur au monde, Marie a libéré pour nous le Fils de Dieu. Nous étions esclaves, dit saint Paul aux Galates, et grâce à elle nous sommes devenus des fils, comme Jésus. Des héritiers avec lui. C'est ainsi que la Vierge peut être appelée « Mère de Dieu ». Elle nous porte vers la liberté des fils de Dieu qui nous fait crier « Abba », « Père !  Si l'enfant ne crie pas à la naissance, c'est qu'il est mort. Pour qu'il puisse vivre dans le nouveau monde qui s'offre à lui, l'enfant doit pousser ce cri primordial. Nous sommes tous issus de cette origine. L'Esprit gémit et prie en nous. Il pleure en nous, se tournant vers le Père de qui nous tenons la vie.

 Frères et sœurs, en ce début d'année, faisons comme Marie : retenons et méditons dans notre cœur ce que Dieu a fait pour nous. Faisons comme les bergers qui bénissent Dieu, à la manière des anges. Ils le glorifient et le louent pour ce qu'ils ont vu et entendu lors de la naissance de Jésus. Restons libres et ouverts à la grâce que Dieu veut nous donner, accueillants à son amour infini. Demandons-lui de mener notre vie de son origine jusqu'à son accomplissement. De son germe jusqu'à son fruit. Marie, comme un arbre, a porté le fruit de la vie. Portons, nous aussi, cette nourriture vitale et essentielle qu'est le Christ. Témoignons de sa lumière et de sa paix autour de nous, dans le monde. Faisons le vœu de faire l'œuvre de Dieu, puisque nous sommes ses fils, en Marie. Amen.

Fr. Columba