Résurrection du Seigneur Jn 20, 1-9
Frères et sœurs, quand nous allons dans une banque, à la mairie ou chez un notaire, nous sommes parfois invités à signer différents documents. Notre signature atteste notre identité, confirme que c'est bien nous qui avons signé et validé les documents.
Jésus, quant à lui, n'a rien écrit. Nous ne savons pas quel était le caractère de son écriture : grosses lettres ou petites, penchées ou droites, arrondies ou coupées, appuyées ou légères. Jésus ne nous a laissé aucune trace écrite, même une petite signature illisible écrite de sa main. Mais il a trouvé d'autres moyens, très personnels, de signer son identité, de marquer que c'est bien lui qui a fait ceci ou cela.
Aujourd'hui nous retrouvons Marie-Madeleine, Pierre et le disciple que Jésus aimait, découvrir le tombeau de Jésus, sans Jésus, le tombeau vide. Qu'est-ce qui s'est passé ? En bonne réaliste, Marie-Madeleine pense à un vol ; Pierre ne dit pas un mot ; et le disciple que Jésus aimait voit et il croit.
À première vue, rien n'atteste que Jésus est ressuscité d'entre les morts. Alors, qu'est-ce qu'il a vu le disciple que Jésus aimait pour croire à la résurrection ? Il a vu, nous dit le texte de l'évangile, « les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. » Voilà la signature de Jésus : sa façon unique de plier son linge, et aussi de le ranger. Mais ce qui la caractérise le plus, c'est le suaire : il n'est pas plié, mais roulé, il n'est pas mis avec le linge, mais à part.
Pierre et le disciple que Jésus aimait sont tous les deux dans le tombeau vide, ils regardent tous les deux la même chose, mais ils ne voient pas la même chose. Seul le disciple bien-aimé sait voir plus profondément, sait discerner, interpréter, comprendre les signes de la résurrection du Christ. Seul ce disciple sait lire l'écriture subtile de Jésus. Quant à Pierre, il n'est pas dit qu'il a vu et qu'il a cru. Pour le moment, il a vu seulement.
Frères et sœurs, nous sommes tous dans la même situation que Marie-Madeleine, Pierre et le disciple que Jésus aimait : nous sommes tous devant le tombeau vide, devant l'absence physique du Christ. Nous sommes tous en quête du Christ ressuscité qui nous échappe, qui se cache, qui s'absente, mais qui laisse aussi des signes subtils de sa présence, de sa résurrection, de son amour pour nous, dans nos vies.
Si nous sommes ici, c'est probablement parce que nous avons déjà lu quelque chose de l'écriture de Jésus dans nos vies, qu'il nous a laissé un message, un signe discret. C'est peut-être un message d'espérance, d'amour, de proximité, de pardon, de consolation, ou un autre. À chacun, en chacun, il écrit différemment, personnellement. En chacun de nous, il est présent de manière unique, sans pareil.
Pour le disciple que Jésus aimait, le message de vie dans le lieu même de la mort et de la tristesse, dans le tombeau, c'était le suaire roulé d'une certaine manière et mis à part. Et pour nous, quel est ce suaire, ce signe de vie, d'espérance, de résurrection à l'intérieur même de nos expériences douloureuses ? Peut-être notre suaire, c'est ressentir combien nous sommes aimés par quelqu'un après avoir connu le rejet ou la séparation, éprouver combien nous sommes vivants après avoir traversé un danger, une maladie ou un deuil, ressentir combien nous sommes libres après être sortis d'une addiction ou d'une relation toxique, éprouver combien nous sommes vulnérables, mais aussi aimables dans cette vulnérabilité après avoir été pardonnés gratuitement.
Frères et sœurs, comme des étoiles dans la nuit se démarquent du fond noir, de même les signes discrets de la présence du Ressuscité dans nos vies se démarquent de nos nuits intérieures, nos épreuves ou nos routines. Soyons donc attentifs aux signatures du Christ, à sa Présence.
fr. Maximilien