Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur (C) Lc 22, 14 – 23, 56
Frères et sœurs, habituellement, qu'est-ce qui vous réveille le matin ? Une cloche, comme les moines, une sonnerie de votre smartphone ou de votre réveil, la lumière du jour, le bruit dans la rue, une odeur de café, etc. ? Quelqu'un m'a dit un jour que lui, il se levait à 6h, mais qu'il se réveillait seulement vers midi, après son 3° café… Ce qui réveille le prophète Isaïe chaque matin, ce n'est pas un café mais le Seigneur. Et il le fait d'une façon particulière, en ouvrant son oreille : « Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu'en disciple, j'écoute. Le Seigneur mon Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. »
Pourquoi c'est important d'écouter le Seigneur dès le matin, dès notre éveil ? La Passion du Christ, son chemin de Croix, nous donnent une réponse. Comme c'est annoncé par le prophète Isaïe, Jésus entre dans sa Passion, il traverse sa souffrance, en ayant l'oreille ouverte à la Parole de Dieu. Son attention est fixée sur ce que dit le Seigneur. Ce n'est pas la parole de ses ennemis, de la foule qui crie « Crucifie-le ! », de ceux qui crachent sur lui, qui le méprisent et le maltraitent, qu'il écoute. C'est la Parole du Père qu'il écoute ; c'est la Parole du Père qui le guide à travers l'épreuve. Ce n'est pas la volonté de ces ennemis, leur décision sur son sort qui le guident, mais la Parole de Dieu.
Quelle est cette Parole ? Nous l'avons entendu chantée par le chantre. Il s'agit du Ps 21 qui commence par « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » et qui raconte la souffrance qu'un homme subit de la part de ses semblables. Jésus a prié avec ce psaume quand on lui perçait les mains et les pieds, quand on partageait ses vêtements, quand on se moquait de lui, quand il souffrait sur la croix. Le psaume 21 a mis les mots sur ce qu'il vivait. Jésus pouvait prier dans son épreuve, avec son épreuve :
Tous ceux qui me voient me bafouent ;
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu'il le délivre !
Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »
Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m'entoure ;
Ils me percent les mains et les pieds,
je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
Tu m'as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.
Oui, toute expérience humaine, parfois choquante, est déjà décrite par la Parole de Dieu.
Frères et sœurs, nous avons tous une expérience de croix, de souffrance, d'injustice, de maladie. Quand nous traversons une épreuve, nous pouvons être tentés d'écouter uniquement notre douleur, nos sentiments, ceux qui nous entourent et qui peut-être nous culpabilisent, nous accusent, ou suggèrent que notre vie n'a pas de sens. Nous pouvons être tentés d'abandonner Dieu, de laisser tomber notre foi. Alors, la Croix devient une preuve de la non-existence de Dieu. Le Christ nous montre un autre chemin, le chemin de foi, de confiance, le chemin d'écoute, le chemin de liberté même dans l'épreuve. C'est grâce à la foi, grâce à l'attachement à Dieu, grâce à sa Parole, que Jésus traverse sa souffrance et qu'il ressuscite.
Demandons au Seigneur d'ouvrir nos oreilles à sa Parole, de nous aider à nous souvenir dans les moments plus difficiles de notre vie que nous pouvons les traverser, en hommes et femmes libres, ressuscités, comme le Christ, grâce à la Parole de Dieu, grâce à la prière et à la foi.
P. Maximilien