Sainte Marie, Mère de Dieu Lc 2, 16-21
Frères et sœurs, les bergers vont à la crèche et trouvent les choses « comme les anges avaient dit » ; ils découvrent « Marie et Joseph et le nouveau-né enveloppé de langes, couché dans une mangeoire ».
Regardons cela de plus près, c'est tellement important…
En arrivant à la crèche, en voyant le Christ et Seigneur annoncé, sur la paille de la mangeoire, les bergers savent désormais que cet enfant ressemble fort à un de leurs enfants, comme leurs enfants, placé à la naissance dans une mangeoire d'animaux.
Ce qu'ils voient (un petit enfant dans la mangeoire) confirme – dit l'Evangile – ce qui leur a été annoncé (que ce petit enfant est le Sauveur). De fait, il leur ressemble et pour sauver quelqu'un il faut s'approcher de lui et lui ressembler.
Le Seigneur Dieu lui-même s'est rendu semblable à un enfant de berger, il a pris leur place dans la bergerie pour leur donner sa place à Lui, au ciel.
Dieu prend la place des bergers, et la nôtre, pour nous donner la sienne… Il prend notre vie pour nous donner la sienne.
Jésus, Dieu Sauveur ne nous sauve pas de loin ; Dieu caché, il est le Tout Proche qui s'approche des hommes, des plus pauvres et des plus petits.
Ces humbles bergers représentent les exclus de l'humanité : les millions de réfugiés, les immigrés clandestins, les victimes du terrorisme, les peuples humiliés, les millions d'hommes et de femmes dont la vie est un échec, qui cherchent un salut et qui le trouvent en Jésus-Christ.
Après avoir vu, les bergers racontent tout ce qui leur a été annoncé au sujet de cet enfant.
Et "tout le monde s'étonnait" nous dit saint Luc de ce que racontaient les bergers. Ils sont donc les premiers prédicateurs. Ils enseignent ce qui leur a été révélé, et qui est objet de foi : Dieu est avec nous et, en cela, il est notre Sauveur :
Jésus est vraiment l'Emmanuel et l'Emmanuel est vraiment Jésus !
Dieu est vraiment cet homme et cet homme est vraiment Dieu !
Marie est la première à qui les bergers racontent ce qui leur a été annoncé. Pour elle, cela vient s'ajouter à ce que l'archange Gabriel lui avait dit de son enfant, et aussi aux louanges prophétiques d'Élisabeth. Luc dit qu'elle "retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur". Ce qu'elle retient ce ne sont pas seulement des "paroles", mais des paroles qui se sont réalisées, c'est-à-dire des "événements".
L'événement principal que Marie médite dans son cœur, et sur lequel elle revient sans cesse, est le fait que la Parole s'est faite chair en elle; qu'elle a donné naissance, comme le lui avait annoncé Gabriel, au Fils du Très Haut ; que celui qu'elle a emmailloté et couché dans une mangeoire est "Le Premier-né" – non seulement son premier-né à elle mais le Premier-Né du Père éternel, le premier-né d'une multitude de frères.
Lorsque Jésus dira à Marie en lui montrant Jean – qui, à son tour, comme les bergers aujourd'hui, représentera toute l'humanité – "Voici ton fils", elle comprendra alors qu'en donnant naissance au Premier-Né du Père éternel – le premier-né d'une multitude de frères et de sœurs – elle est devenue aussi la mère de tous les hommes et de toutes les femmes.
Elle est devenue notre mère à l'instant même où elle est devenue mère de Dieu.
Ce premier jour de l'an est célébré comme la "Journée mondiale de prière pour la paix". Demandons à Marie, mère du Prince de la Paix, d'apporter la paix au cours de cette nouvelle année, à tous les pays où des enfants sont actuellement victimes de la guerre et de toutes les misères engendrées par celle-ci, prions Marie qui a su s'ouvrir si totalement à l'Autre, que tous les enfants, de toutes les cultures, sachent qu'ils ont un Sauveur en Jésus-Christ et donc un avenir, et que Dieu est leur Père…
En ce 1er jour de l'année, lendemain du jour où le pape Benoît XVI est entré dans la Maison du Père, ce pape qui nous a permis de reprendre conscience des données de la foi, je voudrais reprendre les mots de son encyclique « Dieu est Amour » qui illustrent merveilleusement le Mystère que nous célébrons aujourd'hui :
« Dieu nous a aimés le premier, et il continue à nous aimer le premier ; c'est pourquoi, nous aussi, nous pouvons répondre par l'amour. Dieu ne nous prescrit pas un sentiment que nous ne pouvons pas susciter en nous-mêmes. Il nous aime, il nous fait voir son amour et nous pouvons l'éprouver, et à partir de cet « amour premier de Dieu », en réponse, l'amour peut aussi jaillir en nous.
L'amour n'est pas seulement un sentiment. Les sentiments vont et viennent. Le sentiment peut être une merveilleuse étincelle initiale, mais il n'est pas l'amour.
L'amour du prochain (…) consiste précisément dans le fait que j'aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n'apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu'à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu'à toucher le sentiment. J'apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ. Son ami est mon ami. Au-delà de l'apparence extérieure de l'autre, jaillit son attente intérieure d'un geste d'amour, d'un geste d'attention (…). Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l'autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d'amour dont il a besoin. » (BENOIT XVI, Dieu est Amour)
Fr. Jean-Luc