4° Dimanche de Pâques (A) Jn 10, 1-10
Les pharisiens auxquels s'adresse Jésus, dans la page de St Jean que nous venons d'entendre, sont des hommes qui détiennent une certaine autorité religieuse. Ils sont sans doute investis d'une mission « pastorale » envers nombre de croyants pieux qui leur font confiance. Fins connaisseurs de la Loi de Moïse, ils ne connaissent par d'autre voie pour s'approcher de la connaissance de Dieu.
En leur parlant comme Il le fait, Jésus ne peut que se heurter à de fortes difficultés, aussi emploie-t-il l'image de la parabole du berger et de ses brebis pour mieux les atteindre. La première partie de la parabole est empreinte d'une grande douceur : les relations du pasteur et de son troupeau sont pleines de droiture, de confiance, de fidélité. Il s'agit d'une relation qui prend les dimensions d'une relation d'amitié : « ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom », « elles le suivent car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger ». Le pasteur n'entretient cette relation avec ses brebis qu'en passant par la porte de la bergerie ; sinon, il n'est qu'un imposteur. Par cette porte, le bon pasteur entre dans la bergerie et peut ainsi conduire dehors ses brebis. C'est-à-dire qu'elles peuvent aller se nourrir et vivre, parce qu'elles trouvent de bons pâturages.
Mais l'entourage de Jésus ne comprend pas, nous dit ouvertement St Jean, aussi il ajoute alors : « Jésus reprit la parole ». Cette fois, Il se présente comme étant lui-même la Porte par laquelle il nous faut passer obligatoirement : « je suis la Porte des brebis », c'est-à-dire que c'est par Lui et Lui Seul que les pasteurs peuvent guider les hommes vers Dieu. « Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé ». Affirmation plus difficile encore à croire, pour ces pharisiens qui ne voient en Jésus qu'un homme comme eux.
Et nous ? Sommes-nous toujours bien conscients qu'en dehors de Jésus nous ne pouvons rien faire ? N'avons-nous pas la tentation facile de croire que nous pouvons compter sur nos propres forces ?
Il me semble qu'il faut un long apprentissage, pour échapper à cet orgueil. Il faut bien souvent toutes les blessures de l'humiliation et de l'échec, pour entrevoir que notre perception des choses est étroite, très étroite. En fait, en parlant comme il le fait, Jésus nous fait comprendre que seule une relation personnelle avec Lui nous donne de nous ouvrir sur l'infini de Son Amour. Lui Seul peut dilater notre cœur. Lui Seul nous permet de sortir de nous-mêmes et d'aller vers les autres en vérité. En Jésus réside le mystère de l'Amour de Dieu ; et nous ne pouvons pas approcher de cet Infini, qui nous dépasse totalement, sans un Médiateur qui réalise en Lui-même, la perfection de l'humanité unie à la divinité.
Dans notre finitude humaine, nous ne pouvons pas entrevoir l'Amour de Dieu sans l'aide de Jésus. Aussi, quand s'ouvre dans notre cœur l'appel de l'amour, il nous faut contempler Jésus et écouter sa voix. De fait, Il nous appelle chacun par notre nom. C'est Lui Seul qu'il nous faut suivre. Il n'existe pas d'autre voie pour sortir de nous-mêmes et quitter les limites de notre égoïsme humain : voie exigeante assurément, qui refuse toutes les séductions du mensonge, mais qui porte en elle-même sa propre récompense. L'Amour de Dieu nourrit notre amour humain.
Peu à peu, en nous ouvrant à la grâce de la Foi en Jésus, nous découvrons en nous des possibilités, que nous ne soupçonnions pas et qui nous fortifient. L'Amour de Dieu éclaire alors de plus en plus profondément, notre cœur qui découvre, par lui-même, dans son désir d'amour, la marque de l'amitié que Jésus nous porte. C'est toujours Jésus qui s'approche le premier ; nous n'avons qu'à Le chercher au creux de nos désirs.
Heureux sommes-nous, si nous parvenons à une telle Foi ! Elle nous invite à voir en toutes choses l'Amour de Jésus, et par Lui, avec Lui, et en Lui, la Porte qui conduit au Père. La vraie Vie est là. Vie abondante, surabondante, qui commence ici-bas, pour se déployer dans l'éternité, puisqu'elle est la Vie de Dieu.
F. Jean-Marie