La nature

Fixé dans un lieu pour la vie, dans la perspective d'une longue traversée de son temps, le moine doit tenir compte de cette nature qui n'est jamais bien loin de son quotidien.

La nature n'est pas un « objet » à sa disposition : l'écrin de son existence restera vert et fleuri aussi longtemps qu'il l'associera à son projet de vie ; qu'il le néglige et, un jour, il se négligera lui-même. L'humus a la même fécondité que l'humilité, qui est ajustement au réel.

Pendant de longs siècles, le travail agricole a été l'essentiel du travail monastique, entouré cependant d'un artisanat très diversifié qu'exigeait la situation souvent isolée des monastères. Aujourd'hui, la communauté a mis les terres en fermage et conserve verger et potager, sans aucun souci de rentabilité, simplement pour assurer la qualité des repas et de l'environnement.

Les frères cherchent comment tirer du neuf de la tradition monastique qui n'a jamais envisagé les défis qui sont les nôtres. Par exemple, face à la logique de croissance et de consommation qui est le moteur de l'économie moderne, nous devons réentendre saint Benoît qui demande à chacun de savoir se contenter de ce qui suffit. On ne peut amasser à son seul profit sans léser, par-delà toute une chaine d'intermédiaires, notre environnement, proche ou lointain, et les hommes qui y vivent.