Défunts Jn 14, 1-6

La croyance en la résurrection apparaît pour la première fois assez tardivement dans l'AT avec le livre des Martyrs d'Israël. La persécution des Juifs par Antiochus Epiphane, qui veut imposer les mœurs païennes en Judée, est un déclencheur. Il devient alors impossible de croire que ceux qui restent fidèles à Dieu puissent être condamnés à demeurer éternellement dans le shéol, le « séjour des morts ». La foi en la résurrection fait son chemin. Elle s'accomplit avec la mort et le relèvement du Christ, lui qui est le messie attendu, délivrant de la prison tous ceux qui sont dans ce shéol qu'on appelle aussi les « enfers ». Si les sacrifices de l'ancienne alliance constituaient une prière pour les morts, le Sacrifice suprême de Jésus en est l'achèvement. Nos souffrances et nos morts sont désormais reliées à la sienne, sur la Croix.

Le Christ nous prépare une « place », une demeure qui est le cœur du Père. C'est là notre vrai séjour. Non pas un shéol obscur, une antichambre avant d'accéder à la vie, mais un lieu de Vie absolue et éternelle. C'est pourquoi Jésus nous dit de ne pas être bouleversés. Nous savons où il nous mène, car il est le Chemin, la Vérité et la Vie. La foi en la résurrection nous donne de connaître cette vraie Vie. Non pas seulement celle qui se voit extérieurement, mais aussi celle qui est invisible aux yeux. Les morts sont toujours avec nous, même si nous ne les voyons plus. Ils sont présents, au-delà du voile qui sépare le visible de l'invisible. Cette sagesse qui nous est donnée par Jésus est la clé de notre existence. Le livre des Martyrs d'Israël nous dit que Judas, s'il n'avait pas espéré que ceux qui étaient tombés ressusciteraient, la prière pour les morts serait superflue et absurde. Sans la résurrection, notre foi est vaine, dit aussi saint Paul.

Gardons l'espérance, qui nous constitue comme chrétiens, par la foi en la résurrection. Elle nous fait regarder au-delà de la souffrance et de la mort, à l'intérieur du sanctuaire véritable qu'est la demeure du Père. Tâchons d'être des vivants déjà en ce monde, afin de l'être dans l'autre. Vivons de cette Vie éternelle dès maintenant. Amen.

Fr. Columba