Veillée Pascale (B) Mc 16, 1-8
Frères et sœurs, c’est ce qui s’appelle « terminer en queue de poisson » ! Oui, cet évangile de Marc, dans la plupart des manuscrits, se finit sur ces mots : Elles (les femmes) ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. Mais que se passe-t-il ? L’ange leur a pourtant bien expliqué qu’il ne fallait pas avoir peur, et que Jésus était ressuscité ! Alors, pourquoi n’y croient-elles pas ? Nous sommes devant un évangile qui se termine sur un vide, sur une peur. Et on aurait quand même pu s’attendre à une fin un peu plus édifiante ! Depuis tout à l’heure, nous avons lu plusieurs textes bibliques – certains de l’ancienne, et d’autres de la nouvelle Alliance – et le dernier, l’évangile, se solde par un manque de foi de la part des femmes. Pas très glorieux… Pour camoufler cette absence de foi, plusieurs copistes ont jugé bon de combler l’échec, en racontant la suite, avec Jésus qui apparaît à Marie-Madeleine. Décidément, la nature a horreur du vide. Notre échec, notre peur nous fait peur !
Saint Marc est bien conscient de ce qu’il fait, en écrivant ainsi son évangile, et en finissant de la sorte. Il nous laisse devant un tombeau ouvert, devant un vide narratif, pour que chacun écrive et imagine la suite. Et c’est précisément ce que certains ont fait, dès les débuts de la diffusion des textes. A nous d’inventer l’enchaînement, de prendre le relais des femmes qui ont reçu le message de l’ange. Ce vide, cet échec de foi doit nous interpeller, et nous faire dire : « Mais si, il faut y croire ! ». « Pourquoi n’y croient-elles pas ? Moi, j’y crois ! Et toi, qu’est-ce que tu penses de cette histoire ? ».
Ces femmes, paralysées par la peur, c’est nous, tout simplement. Il faut bien l’avouer. Nous sommes les témoins, les dépositaires d’un message qui nous dépasse infiniment, et nous n’osons pas le dire. Nous avons peur de passer par la mort, comme les disciples lors de la Passion. Or, pour être ressuscités avec Jésus, il nous faut le suivre jusqu’au bout, en passant par la Croix. C’est ce que nous avons fait, dans la liturgie de ces derniers jours. Alors, allons-nous encore nous taire, ou plutôt annoncer la bonne nouvelle ? Cette joyeuse nouvelle de Pâques, c’est la constatation de notre impuissance à aimer et à croire jusqu’au bout. Si nous voyons un tombeau vide, réjouissons-nous, et n’ayons pas peur : le Christ est vraiment ressuscité ! Amen.
Fr. Columba