La Sainte Famille (C) Lc 2, 41-52
Pour la fête de la Sainte famille, cet épisode du pèlerinage de Jésus avec ses parents clôture, dans saint Luc, « quand il eut douze ans » les récits de l'enfance de Jésus. Il éclaire ainsi pour nous comme pour ses contemporains la question importante: Qui est Jésus ? Quel est donc cet enfant dont le nom signifie comme celui de Samuel, évoqué dans la première lecture : « Dieu exauce… », Emmanuel « Dieu avec nous… », Jésus « Dieu sauve… » ? Or, en Israël, l'âge de douze ans est celui de la majorité religieuse et civile, où garçons et filles deviennent responsables de leurs gestes et de leurs paroles. L'Evangile de ce dimanche ne raconte donc ni fuite de Jésus au temple, ni fugue familiale, mais simplement le premier geste et la première parole de Jésus.
Quel est ce premier geste, sinon de demeurer dans la maison de Dieu comme Samuel, tous les jours de sa vie. Et quelle est cette première parole sinon : « c'est chez mon Père que je dois être ». Il y a, pour St Luc comme une annonce, car cette manière unique d'appeler Dieu son Père, Jésus la reprendra dans sa dernière prière à la croix : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Dès lors, son premier geste correspondant à son dernier geste, sa première parole correspondant renvoyant à sa dernière parole, Jésus place toute sa vie sous le nom d'un Père dont il révèle le visage de tendresse. Du commencement jusqu'à la fin du sillage que sa vie trace parmi nous et pour nous vers le Père, Jésus est le Fils bien-aimé, Il est seulement et pleinement Fils.
Mais, en quoi cela importe-t-il à notre foi ? C'est simple : si Jésus dit quel est son Père, c'est que, d'un savoir dont nous ignorons le mode, il sait en même temps qu'il est le Fils et que Dieu est son Père. C'est à partir de lui-même qu'il sait et c'est lui seul qui, sachant son secret peut le révéler. L'étonnement et la stupéfaction de Marie et de Joseph disent en outre que nul ne lui a appris pareil savoir. Fils déroutant dans la révélation croissante, pas à pas, de son mystère, Fils perdu et retrouvé le troisième jour, première Pâque à Jérusalem. Eclosion permanente, en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes. Secret aussi de Joseph et de Marie pour qui la perte de Jésus déclenche un effort si douloureux et obstiné de recherche jusqu'à ce qu'ils l'aient retrouvé.
Leur secret à tous les trois est dans ce qui les réunit qui est précisément de l'ordre de la famille. Leur amour est un amour de mère et de père. Rechercher Jésus est devenu pour eux une question de vie ou de mort. Pour bien des gens, leur lien à Jésus reste souvent abstrait. Mais la foi n'est pas seulement une opinion même si c'est aussi une forme d'option, de choix, de décision. La fête d'aujourd'hui juste après Noël dit clairement que la foi est d'abord un lien vivant avec Jésus, un lien d'ordre familial. Un lien de Fils et de Frère, lien de famille avec Jésus qui nous révèle Dieu comme Notre Père. Lien de fraternité indestructible avec tous, frères et sœurs de la terre, qui fait de nous des frères et des sœurs de Jésus, des Filles et des Fils de Dieu. La fête de la Sainte famille nous dit que nous sommes la famille de Dieu avec le même réalisme et la même force que l'appartenance à notre famille. Mais tout comme pour Jésus Enfant nous le sommes toujours en croissance, en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les autres. Invités à nous asseoir à la table de ton amour, aide-nous, Seigneur Dieu, à grandir ensemble en humanité. Que chaque famille, chaque communauté, chaque nation et ainsi la société toute entière soient un reflet de ce que tu es Toi l'Unique, Père Fils et Esprit.,
P. Jean-Marie