Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur (B) Mc 14, 1 – 15, 47

Frères et sœurs, la liturgie de la semaine sainte - qui commence en ce dimanche des Rameaux et de la Passion - nous donne l’impression d’être ballottés sur les montagnes russes d’un parc d’attractions. Çà monte, çà descend ; et çà remonte, et çà redescend... J’espère que vous n’avez pas le tournis ! Oui, çà monte quand Jésus est acclamé comme un roi à Jérusalem, puis çà descend quand il est mis à mort comme un esclave, sur une croix. Serviteur, devenu semblable aux hommes, il s’est abaissé jusqu’à mourir de la sorte. C’est pourquoi, dit saint Paul, Dieu l’a élevé au-dessus de tout. (…) Jésus Christ est le Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père.

Jésus est conduit très haut, à la place des rois, il est amené très bas, au milieu des malfaiteurs. Il se laisse faire, comme une poupée entre les mains d’une petite fille. Comme un jouet, on s’en sert quand on en a besoin ; on s’amuse en sa compagnie, projetant sur lui tous nos désirs les plus fous. On le jette en l’air, dans les hauteurs, pour ensuite le faire retomber par terre. On se moque de lui. On le pare d’un costume de roi, et ensuite on lui enlève ses vêtements… Mais pourquoi se laisse-t-il faire ainsi ? S’il est le Fils de Dieu, pourquoi se fait-il ainsi manipulé ? Isaïe nous explique que le Serviteur souffrant, qui est une figure du Messie, se laisse instruire. Il tend l’oreille pour écouter la Parole, pour s’ouvrir à elle, et celle-ci le réveille chaque matin. Le Serviteur sait que ce passage par la souffrance révoltante débouchera sur l’éveil de la Résurrection. Il choisit librement de ne pas se rebeller, de ne pas se dérober à celui qui le frappe sur la joue et lui arrache la barbe, car il sait que le Seigneur le délivrera, comme un Père qui vient au secours de son Fils maltraité.

Le Christ ne résiste pas. Il consent. Il s’abaisse, prenant la condition de serviteur, d’esclave. Dans l’Antiquité, ce sont les enfants qui servent. Il se soumet à la volonté de son Père, se dépouillant à l’extrême pour montrer à tous jusqu’où peut aller l’Amour. Il a confiance. Une confiance infinie et absolue en Dieu qui le sauvera. C’est pour cette raison qu’il accepte l’humiliation. Il sait qu’il ne sera pas confondu. Même s’il éprouve par moments le sentiment d’être abandonné, Jésus proclame le Nom de son Père devant ses frères, au milieu de l’assemblée.

Et nous ? Avons-nous la même confiance, la même foi que le Christ ? Sommes-nous prêts à endurer la souffrance qui vient, sans la fuir ou l’éviter ? Face à la douleur,  il convient cependant de rendre notre visage, comme le sien, dur comme pierre. Non pas insensible, mais solide et résistant comme le roc. Dans ce combat, le bouclier de la foi s’impose, le casque de l’espérance est nécessaire (cf. 1 Th 5,8). Car seule la confiance en Dieu peut venir à bout de la souffrance, et peut permettre de l’endurer sans se révolter.

Frères et sœurs, la prière d’ouverture nous a fait demander « la grâce de retenir les enseignements de la passion (du Christ) et d’avoir part à sa résurrection ». Oui, la passion du Fils est un enseignement, une parole à laquelle nous ne pouvons pas nous dérober. Si nous acceptons d’ouvrir l’oreille de notre cœur à cette parole, nous serons ressuscités avec lui. Imitons dans notre vie la constance et la fidélité du Roi-Serviteur. Par la connaissance qu’il a reçu de l’enseignement de son Père, le Fils nous réconforte quand nous n’en pouvons plus. Sa fermeté d’âme est pour nous un bouclier, un rempart contre le mal et la souffrance. Comme l’a fait ce maître de sagesse, laissons-nous faire avec confiance et remettons notre vie entre les mains du Père qui nous élèvera avec lui dans la gloire. Amen.

Fr. Columba