3° dimanche du TO (B) Mc 1, 14-20
Le voilà, le pêcheur d’hommes, Jésus. Il jette son filet dans la mer du monde et de l’humanité. Il se jette lui-même ; les amarres du ciel sont lâchées. Il est le filet divin jeté dans nos existences comme il s’est jeté dans celles de Simon, d’André, de Jacques, de Jean et de tant d’autres encore depuis un point d’eau perdu de Palestine il y a deux milles ans.
Jésus-Christ vient nous défaire de nos mailles tricotées à l’envers, brûler celles qui nous entravent si bien pour tisser les mailles de nos vies de sa propre existence d’homme et de Dieu.
En jetant le filet de son salut sur nos existences, le Seigneur appelle à nous défaire d’un filet empli d’expériences sans issue et conduit par une liberté parfois si mal éclairée qu’il en devient aliénant et asphyxiant. Jésus nous invite à quitter certains filets de fer pour le filet d’or d’une promesse déjà accomplie en lui le Christ ressuscité, où la maille divine se mêle à la maille de notre humanité.
Et pour celles et ceux dont les mailles sembleraient trop inextricables, trop dures à rompre, la résurrection leur rappelle qu’il n’est aucun filet de mort dans ce monde, ni le nôtre propre ni celui des autres, qui puisse retenir, quiconque se jette dans la nasse divine du pécheur d’hommes par excellence qu’est Jésus, et se laisse porter par ses mains et ses pieds blessés de nos clous, par son cœur percé de nos lances.
N’oublions pas qu’avec le Seigneur, c’est quand tout semble perdu, qu’il surgit victorieux du fond du tombeau, debout et vivant. N’oublions pas qu’avec notre Seigneur, il existe toujours une maille de la onzième heure, une maille du verre d’eau, une maille de la dernière larme, de l’ultime repentir dans le cri d’agonie d’un dernier souffle ; le bon larron en témoigne.
Ne doutons pas que le Père par son Fils ne puisse garder une maille de miséricorde toujours possible pour l’enfant repenti et prodigue, qui n’a plus que des mailles défaites d’une vie de désordre à offrir ; sauf, la maille d’un cœur contrit et misérable qui s’en remet dans un dernier espoir à un pardon salutaire.
En jetant son filet sur nous, le Seigneur ne retient pas les débris des médiocrités, des infidélités, des mesquineries, des répartie acides où parfois nous tuons son amour et la fraternité. Il ne retient rien de nos dédains et de nos indifférences. Non, tout cela, il le brûle au feu de sa miséricorde comme il a brûlé les débris de ses souffrances et de son calvaire au feu de sa résurrection.
En revanche, le Seigneur garde dans son filet divin toutes les mailles de nos gestes esquissés et maladroits de dire notre amour, les mailles de nos sourires malaisés pour signifier un regret ou au contraire de nos paroles franches et magnanimes pour reconnaître la faute et demander pardon. Il garde toutes les tentatives de fraternisation, précieuses et lumineuses. Le filet divin ne peut retenir que ce qui est divin en nous, là où Dieu nous rejoint, notre humanité dans son meilleur. Par delà ses égarements et ses folies, notre humanité touche au divin dans son désir d’aimer Dieu et son prochain car Dieu seul est Amour. Dieu seul sait aimer. Nous avons à nous laisser aimer de lui et capturer de son filet de délivrance.
Frères et sœurs, la maille de nos chairs meurtries est désormais tissée avec la maille de la chair du Christ ressuscité. La chair imprégnée de son sang impérissable, nous devenons par là-même comme une maille nouvelle pour d’autres qui, à leur tour, se transforment en maille d’espérance et de foi. Et la charité grandit. Et le filet divin du monde nouveau s’étend au large d’une humanité attirée par l’Amour sans borne et sans fin d’un Dieu qui aime l’homme à mourir pour lui. Frères et sœurs, faisons-lui confiance, le filet de son cœur est l’écrin de notre liberté et de notre rédemption. Amen.
Fr. Nathanaël