25° Dimanche du TO*B Mc 9, 30-37
Frères et sœurs, il y a un peu plus de 130 ans, un étudiant se trouvait assis dans un train aux côtés d'un homme qui semblait être un paysan bien portant. Cet homme priait le chapelet et égrenait les perles dans ses doigts. « Monsieur - demanda l'étudiant au vieil homme - vous croyez encore en ces trucs arriérés ? » Et le jeune éclata de rire, avant d'ajouter : « Personnellement, je ne crois pas en de telles stupidités. Suivez mon conseil. Jetez ce chapelet par la fenêtre, et apprenez donc ce que la science a à dire à ce sujet. » « La science ? - demanda humblement l'homme avec des larmes dans les yeux - je ne comprends pas cette science dont vous parlez... Peut-être pourrez-vous me l'expliquer ? » L'étudiant vit que l'homme était profondément touché. Pour éviter de le blesser davantage, il répondit : « S'il vous plait, donnez-moi votre adresse et je vous enverrai quelques ouvrages pour vous aider dans ce domaine. » Le vieil homme fouilla dans la poche intérieure de sa veste, et donna au garçon sa carte de visite. En découvrant la carte, l'étudiant inclina la tête, honteux, et n'osa plus dire un mot. Il venait de lire : "Louis Pasteur, Directeur de l'Institut de Recherche Scientifique, Paris". (Bernard Peyrous, Marie-Ange Pompignoli, Dieu est humour, t. 2 : « Pasteur (Louis) »)
Cette histoire nous montre combien nos préjugés peuvent nous empêcher de voir plus loin que des apparences, d'accueillir les autres tels qu'ils sont, avec leurs richesses insoupçonnées. C'est justement de l'accueil, de deux sortes d'accueil, que nous parle Jésus aujourd'hui.
Tout d'abord, sur la route, il dit à ses disciples qu'il sera livré aux mains des hommes. Être livré aux mains des hommes, c'est se rendre vulnérable, désarmé, sans puissance, sans défense, c'est être quelqu'un qu'on peut donner aux autres, quelqu'un qu'on peut prendre et traiter comme on veut. Et à la fin de notre évangile, Jésus prend lui-même quelqu'un de vulnérable, un petit enfant, et il le traite, en quelque sorte, comme il veut. Dans les deux cas il s'agit d'une sorte d'accueil, mais la qualité de l'accueil est très différente : à Jérusalem, les autorités politiques et religieuses vont prendre Jésus, le maltraiter et le tuer ; à Capharnaüm, Jésus prend un enfant et il l'embrasse. A Jérusalem, c'est l'accueil de haine, l'accueil qui tue. Jésus n'y survivra pas. Certes, il vivra après, mais il faudra le miracle des miracles, la résurrection, pour vivre après cet accueil. En revanche, Jésus accueille avec un geste d'amitié, même d'amour. L'enfant n'a pas besoin d'un miracle pour y survivre. L'accueil de Jésus ne menace pas sa vie ; au contraire, il favorise la vie et l'épanouissement.
Quand Jésus prend cet enfant dans ses bras, c'est dans le contexte d'un enseignement sur la grandeur, l'enseignement qu'il donne parce que les disciples discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand. Ils viennent d'entendre que Jésus sera tué, mais ils ne sont pas encore prêts à accueillir leur maître faible, démuni, crucifié. Dans sa réponse à leur souci de grandeur, Jésus renverse leur échelle de valeurs. Il leur dit : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Jésus n'est pas contre la grandeur, mais il ne la comprend pas de la même manière que ses disciples. Pour lui, être grand, c'est être humble et accueillant. Il dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais Celui qui m'a envoyé. »
Dieu est le premier accueillant et Jésus le montre dans cette scène, en témoignant d'une tendresse envers un petit enfant, un être vulnérable.
Frères et sœurs, dans le train de notre vie, nous rencontrons des personnes très diverses. Il serait dommage de rater de belles rencontres à cause de nos préjugés ou de nos soucis de grandeur mal comprise. Jésus nous invite aujourd'hui à élargir nos horizons, à dépasser nos préjugés et notre orgueil, à accueillir humainement les autres, sans les mépriser ou maltraiter, comme les autorités de Jérusalem, les hommes dits grands et importants, ont fait avec Jésus.
Que l'Esprit Saint ouvre nos cœurs aux autres, aussi à ceux qui sont différents de nous, car en les accueillant, nous accueillons le Christ lui-même, et un jour, c'est lui qui nous accueillera comme de petits enfants, en nous embrassant, dans son Royaume.
F. Maximilien