23° Dimanche du TO*B Mc 7, 31-37
En ce début de septembre, l'école reprend, le travail reprend après les congés, la pandémie continue, les points chauds et la violence demeurent trop présents sur notre terre, l'Afghanistan vient de nous le rappeler… Quelle que soit la réalité que nous avons à vivre, la Parole de Dieu, avec les 3 lectures que nous venons d'entendre, nous ouvre un chemin, le chemin…
Si la réalité du monde ou celle de notre quotidien nous affole, que dit Dieu au prophète Isaïe (1ère lecture) : « Dites aux gens qui s'affolent : « Soyez forts, n'ayez pas peur. Voici votre Dieu… Il vient lui-même et va vous sauver… » Courage donc ! Mais nous sommes peut-être troublés car le texte dit : « C'est la vengeance de Dieu qui vient, la revanche de Dieu ! » Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce que Dieu se venge ? Non ! Mais c'est nous qui, parfois, sentons en nous le désir de nous venger quand on nous a fait souffrir ; Quand l'Écriture nous parle de Dieu qui se venge, elle nous invite simplement à nous libérer de la vengeance en la remettant à Dieu, en la met sur le compte de Dieu en la lui confiant ; comme si Dieu nous disait : je m'occupe de la vengeance, laisse-moi faire. Si toi tu te venges, tu vas taper à côté de la plaque ! Ce ne sera pas juste. Laisse-moi faire. Je m'occupe de la vengeance… N'aie pas peur, remets entre mes mains toutes les situations difficiles de ta vie… Tout remettre à Dieu est ainsi une exigence de ceux qui croient en Lui… Est-ce que je crois vraiment en Lui ?
Dans la deuxième lecture c'est une autre exigence de la foi, celle de l'amour universel, que nous rappelle saint Jacques : « Mes frères, dans votre foi en Jésus Christ, notre Seigneur, n'ayez aucune partialité envers les personnes… » Ayez autant de considération pour le pauvre, l'ignorant, que pour le riche, le savant… avec une préférence pour le pauvre et le petit… L'un et l'autre est celui et celle que Dieu te demande d'aimer… Et l'Évangile vient de nous montrer : « Des gens amènent à Jésus un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui… » Est-ce que nous sommes de ces gens qui amènent les autres, comme ce sourd-muet, à Jésus ? Est-ce que, à la manière de ces gens, nous sommes les porte-voix, les porte-parole des sans voix de notre société ? Est-ce que j'aime de cet amour-là ?…
Est-ce que je crois vraiment en Jésus, est-ce que j'aime comme Lui ? Devant cette exigence, nous percevons bien notre insuffisance, mais ne nous décourageons pas. La guérison du sourd-muet nous dit comment nous pouvons trouver la force de croire et d'aimer jusqu'au bout et jusqu'à la fin de notre vie… Comment s'y prend Jésus, en effet ? « Jésus l'emmena à l'écart, loin de la foule… » Il veut être seul avec lui, il crée de l'intimité… Et quelle intimité ! Il le touche : « lui mit les doigts dans les oreilles et, avec sa salive, lui toucha la langue… » Les gestes barrières en prennent un sacré coup ! Jésus, qui est la Parole faite chair, transmet à ce sourd-muet, quelque chose de lui, la capacité de s'exprimer, il l'ouvre à la communication, à la rencontre : "« Ouvre-toi » Tu peux parler à Dieu et à tes frères maintenant : à Dieu comme à un Père, car en moi, tu es aussi, comme je le suis moi Jésus, son fils, et aux autres, prochain quel qu'il soit, tu peux parler comme à un frère."
Jésus est mort et ressuscité pour cela. Si la croix se dresse près de chaque autel, c'est pour nous dire que nous sommes créés et bâtis en forme de croix : l'axe vertical c'est la filiation, toujours première ; elle reste la base de l'axe horizontal, la fraternité… Pour croire et pour aimer ainsi, cette guérison nous indique le chemin : il nous faut du silence, de la solitude pour l'intimité avec Jésus dans la prière. Jésus nous propose et attend de nous ce temps à l'écart, ces moments d'intimité : c'est là, comme nous le faisons dans cette eucharistie, que nous allons apprendre la vraie liberté des fils et des filles de Dieu, la liberté pour croire et aimer jusqu'au bout ; c'est ainsi que la vie éternelle est déjà commencée. C'est ce que nous avons demandé dans la prière du début : « Accorde-nous, Seigneur, la vraie liberté et la vie éternelle. » Emportons cette invocation pour la prier au cours de cette semaine. Amen !
P. André-Jean