21° Dimanche du TO*B Jn 6, 60-69

On s'interroge beaucoup aujourd'hui sur la liberté, sur le respect des libertés de chaque être humain : Quelle liberté en Biélorussie ? Quelle liberté pour le peuple afghan avec la prise de pouvoir des Talibans ? Et en France, ces derniers week-ends, des manifestations revendiquent la liberté par rapport au vaccin, au pass sanitaire…

La liberté comme don essentiel, comme cadeau de Dieu à l'être humain, c'est d'elle que nous parle la Parole de Dieu de ce dimanche.  Dans notre évangile nous voyons Jésus totalement libre d'aller jusqu'au bout de sa mission, au risque de l'abandon de ses disciples. Il les laisse libres de le quitter : « Beaucoup de ses disciples s'en retournèrent et cessèrent de l'accompagner… Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? » On ne peut suivre Jésus que librement. Josué, dans la première lecture, dit semblablement au peuple : « S'il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir… Moi et les miens nous voulons servir le Seigneur. » Ce service ne peut être que libre. L'apôtre Paul rappelle aux Éphésiens cette liberté fondamentale de l'homme par rapport à ses parents qu'il quitte pour s'attacher à sa femme… Et nous savons quel peut être le prix de cette liberté quand des parents sont en désaccord avec le choix de leurs enfants qui se mettent en couple ou entrent dans la vie monastique…

Il n'y a pas d'amour sans respect de la liberté de l'autre. Je me souviens de cette rencontre avec un groupe d'étudiants. Un garçon invité par ses camarades se dit incroyant, mais en recherche. On parle de Jésus en croix et ce garçon réagit  " Mais si ce Crucifié est Dieu, votre Dieu est un Tout-Puissant incapable…". Quelqu'un lui répond: " Dieu est Tout-Puissant, mais Il est captif de ta liberté". Il s'agit donc d'une toute-puissance qui, parce qu'elle est seulement toute-puissance à aimer, pour aimer, est aussi une toute-impuissance devant la liberté de l'autre. Dieu-Amour ne peut dire à l'homme: " Je te forcerai à m'aimer…" Dieu nous veut libres. Mais de quelle liberté ?

Revenons à l'actualité : dans l'acceptation ou le refus du vaccin contre la Covid 19, dans l'acceptation ou le refus du pass sanitaire, de quelle liberté s'agit-il pour nous croyants, chrétiens, disciples de Jésus Christ ? En quoi consiste la liberté que le Christ veut pour nous, ce que saint Paul appelle « la liberté des fils de Dieu »  que nous sommes par notre baptême ? Cette liberté du Christ, cette liberté qu'il souhaite pour nous n'est pas seulement la liberté « de » faire ceci ou cela, mais la liberté « pour »… pour quoi ? pour aimer davantage… La veille de l'Assomption l'Église fêtait saint Maximilien Kolbe, martyr qui mourra dans le bunker de la faim d'un camp d'extermination parce qu'il a choisi de prendre la place d'un père de famille : il a perdu toutes ses libertés « de » faire ceci ou cela, mais il est souverainement libre « pour « aimer» comme Jésus nous a aimés. Lorsque je revendique d'être pleinement libre, la question que je dois me poser comme chrétien est celle-ci : est-ce pour aimer davantage ? Comme le Christ, nous dit la 2ème prière eucharistique, qui est entré librement dans sa passion par amour pour l'humanité. C'est cette liberté soumise à l'amour, qui seul est l'absolu, que nous célébrons en chaque eucharistie… c'est elle qui est cet « unique désir » dont nous parle la prière d'entrée. Et, en effet, parce que cette liberté-là, ce désir de la liberté des fils et filles de Dieu ne nous est pas spontané et naturel, nous le mendions dans la prière : « Dieu qui peux mettre au cœur de tes fidèles un unique désir, donne à ton peuple d'aimer ce que tu commandes et d'attendre ce que tu promets ; pour qu'au milieu des changements de ce monde, nos cœurs s'établissent fermement là où se trouvent les vraies joies. » Amen !

P. André-Jean