Un monde presque normal

Il y a quelque chose d'étrange, presque irréel, dans ce temps que nous habitons. Nous vivons dans un monde « presque normal ». Derrière une apparence de continuité, on pressent un changement, comme si nous étions sur une vague qui nous porte on ne sait pas où encore. Après des années où tout allait de soi, nous constatons des équilibres fragilisés : paix, climat, économie, santé… Les médias nous rappellent que la violence et l'injustice ne sont jamais loin. C'est un temps d'incertitude. Et pourtant, c'est aussi un temps traversé par la grâce.

La foi chrétienne nous invite à reconnaître que, même au cœur de l'instable, Dieu demeure. Quand tout semble fragile, la fidélité de Dieu ne l'est pas. Quand les certitudes humaines vacillent, sa Parole reste une lumière. Ce monde presque normal devient alors le lieu où peut éclore la confiance, non pas naïve, mais ancrée dans cette conviction que « rien ne pourra nous séparer de l'amour du Christ ».

Peut-être est-ce cela, la tâche des croyants aujourd'hui : apprendre à habiter la fragilité sans désespérer, à voir dans le monde non pas seulement des menaces, mais aussi des brèches, des fissures par où la lumière passe. C'est être capable de dire aux autres : oui, ce temps est incertain, mais il n'est pas vide. Oui, ce monde est blessé, mais il reste aimé et espéré par Quelqu'un.