Retrouver le chemin de la concorde
À quel signe pouvons-nous reconnaître la division des personnes et des groupes humains – et donc la présence du Diviseur, qui est aussi l'Accusateur –, si ce n'est par l'accusation réciproque des parties opposées ? Certains accusent les médias de vouloir détruire l'Église en déballant les « poubelles » des abus au grand jour. D'autres accusent l'Église d'être un système pervers à l'origine de ces mêmes abus. L'Église serait-elle toute pure, ou bien complètement pourrie ? De chaque côté, on remarque une intolérance, une intransigeance, un rejet de l'autre. Chacun est enjoint de choisir son camp, son parti, son courant, sa tendance : Pour ou contre le travail de vérité dans l'Église ? Conservateur ou progressiste ? De droite ou de gauche ? Mais la vérité n'est-elle pas dans le dialogue et la mesure, plutôt que dans l'accusation et l'extrémisme ?
À l'heure où j'écris ces lignes, c'est le temps des coalitions à l'Assemblée nationale, pour pouvoir former un gouvernement. Bonne nouvelle : les députés sont obligés de s'entendre et de faire des compromis. Impossible de se confronter en deux blocs opposés, puisqu'il y a trois grands groupes équivalents, ayant reçu pratiquement le même nombre de députés aux élections. Ce chiffre « trois » appelle une ouverture, un pluralisme bienvenu. J'y vois le début d'une diversité, à l'image de celle présente aux Jeux Olympiques de Paris, qui est une magnifique occasion de faire se rencontrer des peuples aussi nombreux que divers, dans une confrontation sportive qui participe de l'émulation collective, plus que de la division.
L'écoute et la négociation – dans un dialogue bienveillant où l'on se respecte – sont les meilleurs antidotes à l'extrémisme. L'Église a un rôle crucial à jouer dans la cacophonie du monde ; un monde où ce sont les plus forts qui crient et se font entendre. Elle devrait redonner le « la », une note juste, car elle a pour mission de proclamer le royaume de Dieu en déliant tous les liens, en brisant tous les jougs de l'oppression et de la violence. Les disciples du Christ ont reçu le pouvoir de chasser les démons de la division, et de parler dans des langues toujours nouvelles (Mc 16,17). Qu'ils commencent à vivre le Royaume entre eux, en respectant les plus faibles et les plus fragiles, en vivant la douceur de l'évangile et l'amour du prochain.